31/05/2009

Oggi Oggi, vediamo l'ultima scena: la visite du jardin du Roi Gong


C'était un jour de grand soleil et ma cousine en déplacement à Pékin est venue me voir.

Depuis que j'ai fait deux fois Yuyuan à Shanghai depuis mon retour en Chine, j'ai compris que pour toutes visites des lieux touristiques il serait bien d'attendre les amis qui arrivent d'ailleurs et avec qui je pourrais visiter et revisiter un même endroit sans une vision pareille.

J'ai ainsi eu l'occasion d'aller à ce fameux jardin du Roi Gong 恭王府, autrement dit celui de M. HE Shen和珅, connu comme haut fonctionnaire corrompu et gâté auprès de l'Empereur QianLong乾隆帝 (me semble qu'il s'agit bien de QianLong).

C'était un après-midi de la semaine et il y avait quand même énormement de touristes, c'était horrible car nous marchions comme si nous étions en train de chercher un refuge . Les gens suivent sagement leur guide du groupe pour écouter l'explication des historiettes, que ma cousine et moi écoutent en feignant de contempler un pavillon ou le dessin sur les fenêtres : lorsqu'on a la patience d'écouter toutes les historiettes, bien sûr, parce que les mots d'explication sont très longs et parfois idiots: "voyez cette fausse montagne-là, voyez de quoi elle ressemble? ... là-bas il y a une grotte et tout à l'heure, voyez, là où il y a de la queue, donc tout à l'heure vous allez faire la queue là bas, vous allez toucher une pierre au fond de la grotte parce qu'on dit que ça vous portera du bonheur. " Et ce n'est qu'un variant inventif des mots touristiques.

Autre chose que je peux à peine supporter, c'est que les guides parlent toutes, et éventuellement tous, de la fortune. Comment HE Shen(和珅)a t il pu plaire à l'Empereur, par quels hasards et comment il a consommé ses argents, pour faire construire telle ou telle cour et chambre qui égaleraient une décoration que seul les empereurs méritent et "qu'aujourd'hui il n'en reste qu'ici à Pékin" (un arc du mur du jardin, me paraît-il).

Moi qui me crois innocente de l'Histoire de la Chine dans les détails, je ne sais, après avoir vu quelques épisodes de séries-télés, que c'est un officiel très gros et gourmand et qui est pourtant très éloquent. Il menait souvent des débats avec un autre officiel qui s'appelle Ji Xiaolan, légèrement moins gâté que lui, devant l'empereur. Ma cousine me dit qu'au fait, He Shen n'était pas aussi gros comme ce qu'on dit et il était beau, qu'il a été découvert par l'Empereur par pur hasard dans une affaire de rien. Le mot "corruption" est un crime assez grave et pourtant récurrent dans les milieux administratifs en Chine comme partout, ma cousine a dit que cependant, ce sont parfois les cadeaux qu'il n'a su refuser et ça partait de la bienveillance.

En effet, là, c'est une particularité chinoise. En Chine on a la tradition de s'offrir les cadeaux, par fois juste pour exprimer le sentiment d'amitié et quelque chose de plus avec ce geste, mais une fois que la personne perd le pouvoir dans son milieu, il serait accusé de corruption d'une vitesse étonnante. Est-ce vraiment only le problème de HeShen ou celui de la société dans laquelle il vit? Là, on pose une grande question mark.

On ne peut rien savoir de plus. Enfin pas moi parce que j'avais la tête gonflée devant les touristes dont les épaules se frôlent. Il y avait un très beau moment où ma cousine et moi trouvaient un endroit relativement calme pour parler un peu de nos propres histoires sentimentales. C'était sur un bateau en pierre au lieu de l'eau. C'était miraculeusement calme car les gens qui visitent ne prennent pas le risque d'aller sur ce paumé d'endroit qui risque de s'effrondre d'un moment à l'autre. Elle me dit que He Shen commandait tout. Il a voulu construire un pavillon, et donc il y a eu un pavillon, il a voulu ce bateau en pierre, et donc c'est fait. Bref, il a tout eu. En l'écoutant je rigolais. Je lui récitais ceci: "He Shen dit, qu'il y ait du vent, et ce fut ainsi; He Shen dit, qu'il y ait de l'eau, et ce fut ainsi. (和珅说,要有风,于是就有了风;和珅说,要有水,于是就有了水……). " Je demande à ma cousine, je dis ces phrases, sais tu de qui c'est, elle rit et me demanda, de qui c'est? Je dis aucune idée. Mais non, je rigolais. J'ai dit que c'était de la Bible, dans les premières lignes.

Qui a dit qu'en Chine on n'a pas de religion??



NB: c'est incroyable, j'ai trouvé par hasard sur Internet qu'il existait un film qui portait exactement le même nom ("l'Ultima scena"). C'est sûr qu'il y ait qch sous ma peau...



30/05/2009

Dans La Boîte

Ca fait rire, ça fait pleurer, ça fait rire aux larmes.
Ce n'est pas une pièce parfaite mais une pièce bien faite.

Ca me rappelle les guignols que j'ai vu dans le quartier du vieux Lyon, la scène de guignol au ¨Parc de la Tête d'or, le regret de ne pas avoir vu le spectacle de guignols à Lyon, et le film de Pasolini Che cosa sono le nuvole (Qu'est-ce que les nuages?). La chanson à la fin du film était super, mais je ne me souviens pas du titre de la chanson. Mais je me souviens du plan ultime, si ma mémoire est bonne: le joueur de marionettes jettent la marionette féminine et la marionette masculine (dont les ficelles sont tirées par Pasolini en personne en haut de la scène) aux ordures près d'une poubelle au bord de la rue, les laissant regarder le ciel bleu, et il n'y a que ça à regarder. Corps contre corps, yeux grands ouverts et visage souriant, la fille dit, ma guardai, che belle le nuvole...l'homme: è vero... ma che cosa sono le nuvole? la fille: E...ma che cosa sono le nuvole?... Puis, fin du film.

Parlons de La Boîte, pièce théâtrale présentée dans le cadre du festival Croisements 09'. Comment parler de cette pièce qui n'a rien de surprenant? La coopération entre les guignols lyonnais et les marionnettes taiwanais n'est pas surprenante, le fait que les acteurs des deux cultures qui ne connaissent pas la langue de l'autre et qui peuvent cependant se comprendre par hasard n'est pas surprenant. L'amour à distance et entre deux personnes qui supportent leurs différences n'est pas surprenant. Les "aventures trépidantes" ne sont pas surprenantes. Le retrouvaille n'est pas surprenant.

Ce qui me surprend, c'est le fait que les guignols, aussi drôles que leur apparence, semblent être réduits par rapport à ce que j'avais vu dans les vitrines du vieux quartier lyonnais, que l'incapacité de la communication linguistique plus l'élan naturel et bienveillant plus le malentendu créent dans l'ensemble un effet loufoque de merveille. Je reprends quelques mots dans la pièce: A Ji (阿基)est le nom du garçon taiwanais, devenu A Ki en français. Marie, fille lyonnaise reste Ma-ri/li en mandarin. Lorsque l'un des joueurs de marionette taiwanaise reste cloué dans sa boîte d'outil dans lequel il met ses marionettes, il demande à son homologue français de lui donner un coup de main en criant: La-Yi-Ba!(拉一把), "tire-moi un coup (pour que je sorte debout)", pour traduire mot à mot sans savoir si c'est bon ou pas; son homologue lui rit chaleureusement en répondant: Ah?? ...Ah!! Lai-Ba!(来吧!), "Come on!". Et puis, les goulougoulougoulougoulou...(咕噜咕噜咕噜咕噜咕噜...)veut dire: boire / boire dans un bar.

La scène se joue en trois registres: l'image de la projection en premier, car en déscendant les rideaux blancs la grosse cube divisée en plusieurs mini-scènes de marionettes est devenue un écran dimensionnel sur lequel les vies de l'est et de l'ouest sont vu côte à côte lorsque le cube tourne : mon billet que m'a vendu un boeuf jaune (mascotte de l'année deux mille neuf, rappelez-vous, et j'avoue que c'est la première fois que j'essaie d'acheter un billet de manière irrégulière, j'ai même oublié de négocier le prix!! ) m'a placée sur le côté ouest, ce qui est très logique pour ma découverte de l'exotisme. Ensuite, l'image des marionettes. Les guignols lyonnais savent sauter haut et fort en s'affolant et laissent tomber tout ce qu'ils ont dans la main: un balai, un pot de miel (que le guignol introducteur a défendu acharnement contre les ours avant de tout vider en disant: je vais dire que c'est vous qui l'avez mangé!!), et puis un immense soutien-gorge en cotton, tombé de la main de Marie qui ramasse ses vêtements sur la terrasse, et ramassé par A Ki (qui essayais de montrer à son père qu'il a trouvé deux bonnets liés) et retourné par le père d'A Ki au père de Marie qui dit: Ah oui, c'est pas celui de Marie mais celui de la marionnette de Marie!! Enfin, à partir d'un certain moment, les acteurs entrent à l'intérieur de la boîte en cube, la lumière éclairant faiblement leur figure, leur silhouette laisse dégager une sorte de solitude touchante même si les personnages sont dedans en train de mener un dialogue.

Le maître de la troupe taiwanaise apprend parfois l'art de marionette à ses disciples comme à ses amis étrangers. A ses disciples chinois il dit, pour jouer une scène de combat genre opéra de pékin, il faut bouger...il faut bouger pour montrer le mouvement et en donner vie. Et il faut répéter, répéter jusqu'à ce que ça ressemble à un vrai combat. Et à ce moment-là on peut appeler de l'artisanat des doigts l'art de patrimoine culturel.

C'est parce que c'est vraiment les doigts qui fonctionnent et qui dansent, ce que montre les quelques images documentaires projetées sur l'écran de la boîte. Et le maître apprend ça à son homologue français, qui a vraiment les idées d'état second. C'est parce que, vue la difficulté de maîtrise de ce dernier, le maître lui propose de porter la marionette sur la main comme porter un gant et de descendre et lever et redescendre et relever la main à vitesse et dans l'air, afin de donner vie à la marionette. Le joueur français essaie de suivre le conseil tout en faisant le mouvement avec la main droite portant la marionette en l'appuyant sur le dessus de sa main gauche: ce que le maître n'a pas demandé. Et voilà l'un des essentiels du malentendu orient-occident: lorsqu'un maître d'art oriental parle sérieusement de la maîtrise de l'art traditionnel, le joueur français pense tout de suite au sexe. Et pour une fois lorsque je parlais de la pluie et du beau temps, par exemple, et de la danse, on m'a fait croire que j'étais aussi en train de parler du sexe. Donc depuis, j'ai cru qu'en parlant de la pluie et du beau temps ou de la danse, je parle du sexe. C'est vraiment de la magie.

Vers la fin du spectacle, la boîte en couleur tourne et tourne, apparaît là-dessus le sourire de la tête de Bouddha. Ca m'a surpris aussi, ça. Voici donc encore une leçon de la vacuité, la fatalité, le nirvana? Sans doute.

Et c'est à ce moment que toutes les deux troupes courrent ensemble vers le devant de la scène en manifestant leur joie. Le retrouvaille est gravement symbolisé, ce qui m'a été une autre surprise, comme les dites "aventures trépidantes" ont été symbolisées. Je pourrais écrire des choses plus trépidantes que ça. Croyez-le ou le croyez pas.

Les deux troupes parlent toutes les deux leur propre langue, ou presque. Il y avait juste un bref moment de sous-titrage. Quelques spectateurs sont partis au milieu du spectacle, la plupart est restée jusqu'à la fin. Je me suis demandée comment les Français qui ne connaissent pas le chinois et les Chinois qui ne connaissent pas le français vont penser de ce spectacle dont ils ne comprennent que la partie homogène.

Je me suis souvenue tout d'un coup le moment où je prenais le bus en Italie: dans le bus qui monte à la Citta Alta bergamasque, les passagers locaux étaient parfois bavards comme les pies, avec une langue tellement musicale que j'ignorais (et que j'ai considéré ainsi comme de la musique pure sans parole).

Ce plaisir de l'inconnu, j'en ai largement perdu, notamment celui entre la langue chinoise et la langue française. Et c'est un peu la mélancolie de la traductrice.



Pour info:

- présentation sur la pièce théâtrale La Boîte: Cliquez ICI
- je suis encore vivante mais j'ai été terrible ces deux jours. J'ai ri toute seule dans la rue, je me suis trompée de sens du bus que j'ai pris aujourd'hui, j'ai eu pendant quelques instant un petit orage sur mon visage.C'est hélas du temps vraiement bizarre et de l'anormalie vraiment complète.




Libellé: In Fabula, la Chineuse chine, Audio-visuel

24/05/2009

Un extrait

[...]
Il sait que dans le métier, on dit "faire des stars", mais il refuse tant qu'il peut d'intégrer des mots anglais dans la langue française. C'est avec le mot "parking" qu'il a du mal, il ne sait pas vraiment par quoi le remplacer celui-là, sans parler du "modeling", le métier de sa fille...Pour lui, le modeling, c'est la traduction anglaise du modélisme, pas de faire poser des jeunes filles pour les magazines ou des marques d'eau minérale. [...]
- Je croyais qu'avec près de cent mille mots, le français était une des lanues les plus riches du monde... Pas étonnant qu'on ait perdu la guerre... On a décidément tout perdu alors... Avant, l'allemand, maintenant l'anglais... Mais pour en revenir aux Boches... il ne faut pas leur donner d'idées de grandeur, on sait ce qu'ils en font...
- Papa, la guerre est finie depuis longtemps, et on ne l'a pas perdue, qu'est-ce que tu racontes... [...] C'est normal qu'on emploie des termes anglais. Et puis, je croyais que tu disais "savon pour la tête", au lieux de shampoing?...
- Je sais ce que je dis... On n'a pas gagné la guerre, on est venu nous sauver, ce n'est pas pareil. Et puis, tes filles, là... elles n'ont petu-être pas d'idées de grandeur au début, mais quand on devient célèbre, ça s'attrape avec...Comme un vérus... [...]


Marie va s'asseoir sur le grand lit blanc recouvert d'une couette gonflée comme un ballon, [...]. une grosse boule de plume prête à s'envoler. Très accueilllante, confortable aussi. Gemütlich. La couette a traversé la guerre et, avec elle, la conception allemande du confort, la base du mode de vie allemand. Même pendant la guerre, les Allemands n'ont jamais abandonné leur couette, l'idée rassurante de la chaleur du nid, au moins une valeur sûre à laquelle se raccrocher.
Cette opiniâtreté dans le confort de vivre, cette certitude que les choses vous aiment, Marie aimerait bien avoir encore cette confiance-là. Allongée sur le lit de plumes, elle promène doucement ses mains sur le drap qui les emprisonne, en fermant les yeux. Laisse-toi aller, elle caresse maintenant l'éponge du peignoir blanc. La matière encore chaude évoque la douceur possible et proche. Et le calme aussi. Le calme. La tête de Marie va mieux, enfin. La brigade d'assaillants qui tenait son cerveau en otage a sérieusement lâché prise. On peut tout remettre à plus tard, même si le corps pour l'instant séparé de la tête est esquinté, comme roué de coups.
Marie balance doucement son corps sur le matelas et ferme les yeux, mais ses jambes sont en dehors du lit et ses pieds penchés frôlent la moquette épaisse. On ne sait jamais, elle pourrait prendre la décision de se lever tout de suite, elle ne veut pas s'installer dans la peur du souvenir de Jeanne. Elle ne doit pas. Il ne faut pas. Tiens, elle n'a plus mal nulle part.



Ci-dessus l'extrait (un peu long) du roman Tellement Belles. C'est un roman très léger d'apparence mais qui s'avère de plus en plus méditant lorsque certains topics y sont abordés. Je ne peux pas en dire grand chose en ce moment car je le découvre en traduisant. Mais je sens déjà le bonheur de faire cette traduction.


Aujourd'hui une scène de plus


- "Dégagez! Tous les businessmen étrangers ambulants, sortez de notre gîte pendant 1,5 mois s.v.p.
- Ah? C'est quoi, l'ambulant?
- Et bien si vous venez, puis vous sortez, puis vous revenez, puis resortez, puis rerevenez...donc vous etes ambulants. C'est clair? ...enfin si ce n'est pas clair, regardez votre Visa et c'est marqué! Avec un grand A!
- Ah oui...ah oui quoi...
- Donc voyez...préparez-vous...Et surtout ne comptez pas sur les cartes d'identité qu'on vous auriez jetées, ça ne servira à rien, nous, on est à l'âge numérique là!
- En effet, ici tout est moderne...
- Et en sortant, merci d'appuyer sur des boutons electro pour nous juger sur votre séjour chez nous : très content, assez content, bien content, content, pas content, pas terrible. (voix-off: et prenez précaution pour appuyer sur le dernier bouton!)
- C'est ok pour tout...mais vous dites pourquoi?
- Parce que nous aimons notre peuple et que nous allons en faire une fête, que nous avons nos règles fondamentales mais que vous les connaissez pas (ou peut-être vous les connaissez...alors vous nous comprenez!). Nous vous prions donc de la collaboration de peur que vous n'intimidiez notre peuple qui est très timide. Nous allons aimer notre peuple et que nous allons commémorer notre je ne sais plus combien de temps de longétivité.
- C'est vrai?! A votre santé, sa majesté. En vous remerciant de m'avoir tenu informé.


20/05/2009

Trouver une forme pour s'exprimer

"La mise en mots, c'est une précision."
"L'écriture de soi est comme un miroir qui tend vers l'autre."

---- Christine Jordis


Je commence à avoir soif des rencontres intellectuelles dans le domaine des sciences humaines. Ce n'est pas qu'il n'y a pas grand chose ici, mais que tous les sujets abordés ne m'intéressent pas, ou me sont inconnus. Celui sur "la démocratie dans la littérature chinoise", par ex. J'y ai assisté mais je crois n'en avoir rien compris à la fin. Souvent on est dans une salle de conférence pour écouter un exposé, pour découvrir quelques points de vue, quelques PPT et basta. On voit pas comment les idées se forment, on voit pas la personnalité de l'invité, pas de dialogue-débat d'où sortent les idées instructives. Et en sortant de la salle, on reste inchangé et tout ce qu'on peut en dire est  "c'était bien? oui c'était bien".

J'ai hésité un peu pour aller à la rencontre de Christine Jordis d'hier soir au CCF car j'étais sur le point de finir la traduction de la pièce musicale. Je ne regrette point d'y aller. Il y a des conférences, des rencontres qui peuvent nous inspirer du courage, (comme celle sur la 10e anniversaire de la disparition de Duras dont j'ai écrit il y a 3 ans), afin que l'on puisse se déterminer à continuer sur telle ou telle chose dont on rêve et qui est censé d'être difficile à réaliser.

En la voyant, je me dis qu'elle a en elle une sorte de charme magnétique, que toutes femmes écrivains françaises ne possèdent: chez Duras, me parait-il, la féminité s'avère intense pour se transformer en une force saillante. Chez Beauvoir, moins. Chez Sagan, encore moins. Est-ce parce qu'elle est profondément marquée par la littérature féminine anglaise, dont l'enjeu est, selon elle, le rapport de force au sein de toutes les communautés closes?

En effet, c'est avant tout son parcours qui m'attire et qui sucite ma curiosité d'aller à cette rencontre. Adepte de la littérature anglaise, elle a fait un trajet de la Sorbonne à Havard, et surtout elle a fait une thèse de doctorat sur l'humour noir, un thème bien engageant. De retour en France, elle a organisé les rencontres des écrivains français et anglais équivalents (ie: dont les styles littéraires se correspondent l'un avec l'autre) chez British Council (qui est de loin meilleur que CCC à Paris). Ce n'est pas mission facile car il faut savoir animer les échanges et les suites d'idées pour que chacun des écrivains recoive de la culture d'ailleurs et les réactions concordantes et une dose d'hétérogénéité et de fraîcheur.

C'est peut-être grâce à cette expérience qu'elle est en mesure d'établir une relation tantôt de familiarité, tantôt de distance entre le plateau et le public dont je fais partie. Et c'est dans cet atmosphère qu'elle parle des différences des partis pris dans la littérature anglaise et française, de la caractérisation et narrativité chez l'une, de l'exploitation du soi et la diversification des formes chez l'autre. Elle parle de la pratique d'écriture aussi parce qu'elle écrit et écrit sous une "multie-forme": roman, essai, biographie, critique, etc. Mais ça, ce n'est pas nouveau. Ce qui est vraiment impressionnant, c'est qu'elle est une auteure qui fait partie du jury du prix Fémina et qu'elle édite aussi. Ecrire, critiquer, éditer. Peut-on faire les trois choses en même temps? Ce serait difficile à y tenir à long terme, c'est comme main gauche contre main droite, pour emprunter le propos d'Arnaud Ryknair, en ajoutant la tête pour en faire une bagarre interne de soi. Mais de tout faire est tout de même possible si la quiétude s'impose et que les rôles soient bien distingués, que la distance entre les missions soit gardée au moment convenu: elle ne vote pas lorsqu'il s'agit d'un livre de sa maison d'édition, par exemple, ni qu'elle ne se fait la candidature pour le Fémina (elle en a déjà reçu un prix avec l'un de ses romans avant d'être adhérée dans le jury...).

Elle dit qu'elle a été frappée par le fait que les jeunes auteurs anglophones d'aujourd'hui abordent souvent les sujets des grandes catastrophes historiques(ex 911) ou naturelles. A ce sujet, j'ai effectivement lu un roman, The Reluctant Fundamentalist, qu'on m'a offert pour me divertir. L'auteur est un pakistanais qui a réussi à faire son ascension à New york et qui habite à Londres actuellement, dans le roman il parle de la désillusion of the american dream, révélée normalement après l'événement du 11 septembre: si t'es un pakistanais tu l'est toujours et tu n'est pas un citoyen américan quel que soit ton mérite professionnel. Ce sujet peut certainement intéresser bien des gens, mais franchement, pas moi. Je ne savais pas pourquoi, et j'ai ressenti la gêne en finissant la lecture.

Et Jordis a dit pourquoi. Elle a dit que dans ce genre de romans, ce sont les savoir-faire social qui s'illustrent, c'est pour elle les romans "mondialisés", globalised en anglais. Je dis bravo sur ce dernier mot. J'irais ajouter que ce genre de romans qui focus sur l'Histoire sont stratégiques et ne me paraissent pas très sincères ou sont trop naifs parce qu'ils veulent raconter l'Histoire récente ou quelque chose comme ça, pour susciter l'empathie chez les gens et éventuellement pour devenir un best-seller. Ce n'est pas que ça ne se fait pas, mais que la littérature, pour cela, n'est pas un très moyen de force.

Suite à cette remarque, je lui ai posé une question sur la littérature chinoise en France. Comme j'ai fait une petite recherche sur la littérature chinoise traduit en français pour un ami, j'ai rendu compte que la majorité de ces romans contemporains parle de l'Histoire, ou, en nous épargnant ce thème parfois trop lourd, parle de la même chose: la souffrance et la faillite de vie à cause de la Révolution Culturelle, de la survie dans la société paysane chinoise, de la contrôle des naissances, du polar meurtrier dans les grandes villes monstrueuses...Ces noirceurs circulées et recirculées sont devenues clichés et ne me branchent vraiment pas trop, il n'y manque pas de bonnes oeuvres bien sûr, qui portent une vision hors du commun, mais une grande partie c'est raconter pour raconter, et pas plus. Je me fous un peu de ces romans d'abord couronnés en Chine: les réalités fantastiques semblent être écrites pour réveiller, tandis que ceux qui peuvent être réveillés le sont déjà et que ceux qui ne sont pas réveillés ne se réveilleront peut-être jamais; pour amuser, alors que bcp de gens en Chine sont trop occupés pour avoir le temps de s'en amuser; pour s'en souvenir: mais de quoi? l'histoire misérable des Zhang ou des Li (ne prenez pas au sérieux, là j'invente) qui font déplorer ou pleurer?

Je demande si ce genre de romans ne font pas partie des "romans mondialisés". Jordis a rit, elle dit non, qu'elle ne le croit pas. Elle dit que les éditeurs en France sont désemparés en ce moment et que parfois ils prennent n'importe quelle histoire écrite sur la Chine de misère ou de fantasme. "C'est plutôt du document que du roman." Voilà le mot. Ne prononçons pas le terme de "lutte idéologique", ce n'est pas sérieux; parlons des études socio-politique plutôt que celles des lettres, qui sont impliquées dans la lecture de ces romans. Je crois que sur un point on serait d'accord: que la littérature intègre par nature une grande H, comme l'Homme plutôt que comme l'Histoire.

A la fin, Jordis doit faire la lecture d'un petit paragraphe extrait de l'un de ses romans. Sans réfléchir, elle a pris les lignes suivantes en disant que c'est l'un de ses styles d'expression.



(de: Fleurs à Chelsea)
Le stand des delphiniums décline tous les tons de bleu, de blanc et de rose, de mauve, qui va vers le violet le plus intense, chaque fleur doublée d'une touche pâle ou plus accentuée, vieux rose qui s'épuise et pâlit ou bleu incandescent de vitrail. Les hautes grappes se dressent côte à côte comme des candélabres un jour de fête. Un célébrant, le préposé au stand, circule crayon en main devant la rangée fabuleuse et renseigne les fidèles venus se recueillir. Humbles et consciencieux, penchés sur leur carnet de notes, ils questionnent, griffonnent, inscrivent, reçoivent la bonne parole, puis repartent avec réticence, pénétrés de la grâce reçue. De temps à autre, certains d'entre eux se concertent, de petits groupes se forment au milieu des allées, mais il ne faut pas s'y tromper, ces échanges n'ont rien de la simple conversation: ce sont des réunions à haut niveau, entre initiés, qui restent abstruses, impénétrables au commun des mortels, les noms savants y remplacent le langage ordinaire et les précisions données relèvent de la science la plus fine. Ils ne paient pas de mine, ces érudits, avec leur sac à dos, leur vieux ciré et leur chapeau à bord mou, mais à les regarder un instant, on devine qu'une même passion les habite, une obsession unique qui les pousse de stand en stand, absorbés par leurs découvertes, aveugles à tout le reste, fixés sur leur but comme le chercheur d'or sur la vision de sa pépite, riches de tous les trésors de la terre une fois trouvé l'objet idéal et leur passion satisfaite.


 

17/05/2009

Aujourdhuiencoreune scène


P: Allo Bloggerenchine?
P: C'est lui. Vous êtes?
P: Je me confesse!
P: Ah...dis-moi.
P: J'ai tort!
P: Qu'est-ce qu'il y a? Autrement dit, comment ça va?
P: J'ai dit ce qu'il ne fallait pas être dit...
P: Vas-y raconte.
P: Mais tu sais bien ce que je voulais dire...euh, dans un coin de mon espace...compris?
P: Ah...oui c'est vrai. Et alors?
P: Rien mais...juste pour dire que je me laisse coincer, je laisse mon blogger bloqué,  volontier...
P: Bah, on n'a pas d'autres moyens tu sais...mais attends comment ça se fait que tu puisses me parler??
P: Parler? Dire que je suis en train de parler, ce n'est pas juste...non non je te chante...mais tu me connais un peu je crois??... Enfin, récemment lorsque je mettais une phrase comme "n'aime pas la ville de pékin mais aime pékin", j'ai eu un suivi comme "quel casse-tête:)". Je me demande bien si ça ne me convient pas...
P: Si si ça te convient ça...Ah tu veux que je te note? Disons un E: excellent! Ca te va?
P: Je te remercie, mon Seigneur. Je t'ai présenté les personnes que j'aime aussi bien que ma vie. Protège-les dans leur vie, et donne-moi la force de respecter le serment que je fais devant toi. Je n'arrêterais jamais l'écriture. Mon écriture ne serait jamais n'improte quoi. C'est, mon sacrifice, mon pacte avec toi.

(bruitage des clochers, puis un peu de silence, puis les rires.)

P: Cool. On s'arrête là aujourd'hui. Juste un truc, pour le serment, il faut utiliser l'indicatif future simple. Regarde un peu dans le script, t'oublies toujours ça, toi!
P: ah oui, il est vrai que de tout retenir par coeur, c'est pour moi bien difficile...allons manger.

 
(FIN ACTE-I)

10/05/2009

Christophe Honoré hérite encore

Si j'ai été attirée par Les chansons d'amour, film dont j'ai retenu le nom il y a plus d'un an mais que je n'ai pas eu d'occasion de regarder, c'est moins parce qu'on y trouve des chansons d'amour que parce que c'est un film de Christophe Honoré.

J'ai remarqué ce nom après avoir vu Dans Paris. L'auteur y rend hommage aux grands auteurs de la Nouvelle Vague, notamment à Truffaut. Et on y trouve des traces d'apprentissage tant sur le langage cinématographique que sur le thème, ce qui n'empêche que Honoré a développé à travers ce film son propre thème préoccupé, comme "Prends la peine d'ignorer la tristesse des tiens". Je l'ai bien aimé, ce film, par les raisons semblables que celles pour lesquelles j'ai aimé les films de la Nouvelle Vague: ces films font percevoir qch qu'on ne voit pas habituellement, donnent souvent des chocs à la fin en testant la patience des spectateurs. En un mot, songeants.

En effet, ce qui m'impressionne chez lui, c'est avant tout son habileté et sa mesure entre la répétition et la rénovation dans sa pratique du cinéma, par rapport à ses précédents. J'ai même eu l'idée de faire un dossier sur lui, après avoir vu Dans Paris, alors fraîchement sorti en salles, au tout début de mes études Mundus: au vu de son parcours, son oeuvre rapporterait très bien au sujet de "littérature et cinéma". Le dossier n'a pas pris la suite, ma directrice d'alors m'a déconseillé de le faire car le travail était récent et qu'il manquerait de références pour bien mener les analyses. Un an plus tard, il a sorti la Belle Personne, film adapté du fameux "roman inutile" La Princesse de Clève"(pas encore vu...), ce qui me fait penser à la phrase deleuzienne qu'un ami a récemment cité: "L'art est résister...bien que toute oeuvre d'art ne soit pas un acte de résistance, mais d'une certaine manière elle l'est. " Bien sûr, afin de pouvoir bien définir un style "honoréen"(ah...que ça fait bizarre), il faut attendre plus longtemps et voir ses oevures à venir.

Les chansons d'amour est un autre exemplaire de la création cinématographique de Honoré. Devant la presse, le réalisateur a bien prononcé le nom de Truffaut et de Jacques Demy comme les principales sources d'inspiration. La formule de la comédie musicale ayant été initiée de Demy, on ne peut cependant pas imposer l'idée que Honoré a fait "comme" Demy. Il n'y est pas parvenu d'ailleurs, si l'on compare la maîtrise de Demy sur la concordance entre le spectacle mouvemental et la musique chantée, dans par ex Les Demoiselles de Rochefort que j'ai pu voir grâce à la projection du CCF. De part le style fluide de Demy, Christophe Honoréce veut surtout que les dialogues musicaux soient intégrés au cours du film, et il ne l'a point râté.

Au niveau du thème, c'est sur Paris (encore...) et sur les amours dans Paris-- tellement "dans" que les gens se couvrent bien, phénomène récurrent des grandes villes charmantes. Là, il n'y a pas de surprise. Il a tourné, avec la caméra parfois trépidante, les coins peu colorés et bien nébuleux d'un Paris que ceux qui n'y ont pas séjourné pendant au moins 15 jours ne devraient pas bien connaître. Le cadrage des scènes de rue est soigneusement conçu. A chaque seconde de passage il y a des choses qui se révèlent, un panneau de station de métro, une pub roulante, un numéro de bus, une figure qui passe...Dans la vie on appellerait ça une maladie obsessionnelle , dans le cinéma le jeu sémiotique servant de la révélation.

Quant aux amours, il poursuit la quête idéologique du genre Truffaut. Mais il a versé une bonne dose d'improbabilité de l'amour pour y rajouter, avec les paroles magnifiquement écrites, quelques particules hétérogènes, qui bloque un peu les gens comme ce corps étranger qui aurait provoqué l'obstruction respiratoire de Julie la bien aimée: c'est sur cette mort que s'achève la première des trois actes: le départ.

Chez Christophe Honoré, l'amour, ou plutôt les amours, ne sont pas improbables mais sont marqués d'enchevêtrement, et de complexité, qui circulent d'un personnage à l'autre, d'une famille à l'autre, d'une génération à l'autre, embrouillent assez complètement tout espace du cadre, le déborde. L'une des leçons majeures est tirée: il en faut mesurer la dose. On entend d'ailleurs la devise prononcée dans la scène ultime, où Ismaël le bel être et Erwann le classe préparatoire s'embrassent en dehors de la fenêtre de 1er étage au bord de la rue, en compagnie de la chanson de Barbara: Ce matin-là.

Emotionnellement parlé, il y a des films qui mouillent mes yeux de larmes, il y en a qui obscurcit et qui m'étouffe un peu. Il y a de rares films qui donnent envie de crier, et c'en est un. Dans la musique de Barbara je me suis ressentie étreinte et ai eu envie de crier.

C'est après avoir consulté les paroles de cette chanson, une chanson-clé dirait-on, que j'ai cru avoir mieux compris l'état mental de ces personnages et l'intention du réalisateur au sujet de ce thème, et c'est là que j'ai trouvé ce film véritablement bouleversant.



---------------------------------
NB:

- Sur la chanson de Barbara: on est en ce moment privé du Youtube en Chine, je mets donc juste le lien des paroles; si vous avez envie de l'écouter, vous vous débrouillez.

-Sur le film: ci-dessous le lien vers une analyse bien complète sur ce film, elle aborde notamment les cotenus dont je ne sais trop comment en parler. Ceci dit, si vous n'avez pas vu ce film, et que vous avez envie de le faire, n'y cliquez pas jusqu'à ce que vous l'aurez vu.

http://cinema.fluctuat.net/films/les-chansons-d-amour/1694-chronique-comme-ca-lui-chante.html

08/05/2009

Aujourd'hui une scène

m'est arrivée lorsque je me baigne cet après-midi à la piscine.

La voici:

Elle ouvrit la porte de son appartement de neuf ans et demi et sortit, l'air affligé, sans la tête retournée. Ce fut une heure du matin.

Où tu vas? Poussa un cri rauque qui vibra légèrement dans le noir. Son mari. Où tu vas? Elle reconnut la voix de sa plus chère, toujours sans la tête retournée: une voix douce et impassible, dans laquelle semblait croupir quelque chose de très aigu, aigu comme les pièces d'un verre tombé par terre.

La sécheresse de la voix de son mari l'étranglait. Elle continua à s'avancer d'un pas bien lent, un pas de malade, comme elle le fut d'ailleurs, vers la sortie sombre du couloir.

- Je vais aller prendre un peu d'air. Elle a finalement pu parler.
- ne mens pas, la voix fut toujours douce et terriblement calme, voilà, tu vois, j'ai bien retenu par coeur ce que tu m'as appris.

Et elle avança à son tour pour tenir dans sa main la main de l'autre, la traîna vers l'arrière, tranquille. Tous les trois rentrèrent dans l'appartement. Fermèrent la porte.


voilà...je l'intitule comment? MR. MONTRE. Ce serait pas mal...


Piaf des années 30- 50s

Dans les années 30, Edith Piaf fait la connaissance de Jean Cocteau. "Il adore la chanson française, et il est un inconditionnel d'Edith Piaf. D'ailleurs, à son propos, il dit: elle ne chante pas l'amour, elle le gueule, elle a du génie, elle est inimitable. Il n'y a jamais eu d'Edith Piaf, il n'y en aura plus jamais. "

--extrait de la voix de Jacques interprétée par Jacques Pessis, l'auteur du spectacle musical
Piaf, une vie en rose et noir)


La chanson en bas "est signée Henri Contet. Il est journaliste à Paris Midi, le grand quotidien d'avant guerre.(...) Entre 1940 et 1944, Henri Contet ne va pas écrire bcp d'articles pour les journaux. En revanche, il va écrire les principales chansons d'Edith Piaf. Et il va ausssi être son amant. Enfin de temps à autre, et pas suffisamment au goût d'Edith."(idem)

La chanson est enregistrée le 15 octobre 1951.



啪嗒,啪嗒 PADAM PADAM



这乐曲纠缠我通宵彻夜 Cet air qui m'obsède jour et nuit
这乐曲并非诞生在今天 Cet air n'est pas né d'aujourd'hui


他的来处和我的一样远 Il vient d'aussi loin que je viens
再被千百个音乐家流传 Traîné par cent mille musiciens

总有一天这乐曲要把我弄疯癫 Un jour cet air me rendra folle

很多次我都想问个为啥 Cent fois j'ai voulu dire pourquoi



他却要来给我打岔儿 Mais il m'a coupé la parole
他总抢在我之前说话 Il parle toujours avant moi



而且,他的声音还盖过我的 Et sa voix couvre ma voix





啪嗒,啪嗒,啪嗒……Padam...padam...padam...
他追随着我,跑到这里
Il arrive en courant derrière moi
啪嗒,啪嗒,啪嗒……
Padam...padam...padam...
他声声逼问,你还记得吗
Il me fait le coup du souviens-toi /
啪嗒,啪嗒,啪嗒……
Padam...padam...padam...
这首乐曲对我充满怨意 C'est un air qui me montre du doigt

而我在身后拖着这牢记一切的乐曲 Et je traîne après moi comme un drôle d'erreur
像拖着一个奇怪的谬理
Cet air qui sait tout par cœur

他说:“想想你那些爱情
Il dit: "Rappelle-toi tes amours
想想,这就轮到你了
Rappelle-toi puisque c'est ton tour
你没有理由不哭泣
'y a pas d'raison pour qu'tu n'pleures pas
为了你那些成堆的回忆……”
Avec tes souvenirs sur les bras.../
我便重想那些还留存着的
" Et moi je revois ceux qui restent
如鼓声般躁动的二十岁年华
Mes vingt ans font battre tambour
我想起那鼓槌错落敲打
Je vois s'entrebattre des gestes
所有的爱情戏
Toute la comédie des amours
都上演在这首经典乐曲里 Sur cet air qui va toujours




啪嗒,啪嗒,啪嗒…… Padam...padam...padam...
714的“我爱你”
Des "je t'aime" de quatorze-juillet
啪嗒,啪嗒,啪嗒……
Padam...padam...padam...
廉价买来的“经久不息”Des " toujours" qu'on achète au rabais

啪嗒,啪嗒,啪嗒……
Padam...padam...padam...
然后是打包批发的 “你可愿意 De
s "veux-tu" en voilà par paquets
所有这些,都正好在街角撞上
Et tout ça pour tomber juste au coin d'la rue
这首把我辩认出的乐曲
Sur l'air qui m'a reconnue
...

听啊,他为我制造的喧嚣 Écoutez le chahut qu'il me fait
...
就好像在把我的过去招摇 Comme si tout mon passé défilait
...
还得把忧伤看管好
Faut garder du chagrin pour après
我可有一整本关于这乐曲的试唱练习 J'en ai tout un solfège sur cet air qui bat...


那节拍规则得就像木石心脏的心跳 ……Qui bat comme un cœur de bois...



(Traduit par/翻译: Delphine.
All rights reserved. Enfin, pour toute reproduction, merci d'indiquer la source de l'article./
转载时请以超链接形式标明文章原始出处和作者信息)




NB:
En passant, j'ai découvert par hasard le groupe Padam, dont la musique et surtout "la voix éraillée" du chanteur principale me semble pas mal du tout. En général j'aime la voix éraillée" dans les chansons.


05/05/2009

Que ça fait du mal



Traduction mise en ligne pendant un jour.


一日情人

我在餐馆尽头Moi j'essuie les verres
擦着杯盘  Au fond du café
有太多活儿要干  J'ai bien trop à faire
没有时间幻想  Pour pouvoir rêver
可就在这平凡到 Mais dans ce décor
让人伤心的地方 Banal à pleurer
我似乎还看到 Il me semble encore
他们正过来了…… Les voir arriver...

他们过来了Ils sont arrivés
手牵着手 Se tenant par la main
神情荡漾 L'air émerveillé
像两个天使 De deux chérubins
顶着日头 Portant le soleil
他们平静地 Ils ont demandé
要了一间居室  D'une voix tranquille
相爱厮守 Un toit pour s'aimer
就在城中央  Au cœur de la ville
而我还记得 Et je me rappelle
他们的眼神 Qu'ils ont regardé
柔软温存 D'un air attendri
旅店的客房 La chambre d'hôtel
墙纸微微泛黄  Au papier jauni
当我替他们 Et quand j'ai fermé
关上房门 La porte sur eux
看到他们的眼里  Y avait tant de soleil
如此神采奕奕 Au fond de leurs yeux
这真叫我难受 Que ça m'a fait mal,
这真叫我难受…… Que ça m'a fait mal...

我在餐馆尽头Moi j'essuie les verres
擦着杯盘  Au fond du café
有太多活儿要干  J'ai bien trop à faire
没有时间幻想  Pour pouvoir rêver
可就在这平凡到 Mais dans ce décor
让人伤心的地方 Banal à pleurer
他们被人发现 C'est corps contre corps
身体相互依傍 Qu'on les a trouvés...

他们被人发现 On les a trouvés
手牵着手 Se tenant par la main
紧闭双眼 Les yeux fermés
去向别他的 Vers d'autres matins
充满阳光的清晨 Remplis de soleil
人们让安静的  On les a couchés
联为一体的他们 Unis et tranquilles
躺入棺床 Dans un lit creusé
就在城中央 Au cœur de la ville
而我还记得 Et je me rappelle
在晨光里 Avoir refermé
重新锁闭 Dans le petit jour
一日情人的 La chambre d'hôtel
那间客房 Des amants d'un jour
可他们在我的 Mais ils m'ont planté
内心深处植下 Tout au fond du cœur
那日天光的模样 Un goût de leur soleil
和色彩变幻  Et tant de couleurs
这真叫我难受 Que ça m'a fait mal,
这真叫我难受 Que ça m'a fait mal...

我在餐馆尽头Moi j'essuie les verres
擦着杯盘  Au fond du café
有太多活儿要干  J'ai bien trop à faire
没有时间幻想  Pour pouvoir rêver
可就在这平凡到  Mais dans ce décor
让人伤心的地方 Banal à pleurer
在外面总会有 Y a toujours dehors...
可以租借的客房……... La chambre à louer...

(Traduit par: Delphine
All rights reserved)

03/05/2009

La traduction musicale



Ces derniers jours je fais un jeu intellectuel
C'est quoi?
Traduire Edith Piaf
Ah...
De chansons en chansons
Elle vit, fabuleuse,
Et elle ne chante finalement
qu'une chose depuis son début
Vas-y raconte
Qu'hélas, sans amour on n'est rien du tout.
C'est dingue...


Ces petites lignes que j'ai écrites peuvent servir de preuve de la réflexe que j'ai eu en traduisant les chansons d'Edith Piaf.

C'est au fait la traduction d'une pièce musicale sur sa vie et son oeuvre, une rétrospective avant tout cantabile, mais aussi sensuelle: mot-clé du Pavillon France.

Je suis ravie qu'on m'a proposé cette mission qui me convient très bien( du moins je le crois). Ca m'est d'autant plus intéressant que la pièce est censée être intégrée dans le programme du Pavillon France à l'occasion de l'Exposition Universelle 2010 qui aura lieu dans 364 jours.

Dans les événements culturels que j'ai pu suivre récemment, j'ai constaté que la programmation événementielle est un vrai art, car il y cache les liens soigneusement établis entre telles ou telles choses. Dans le cas de ce musical de Piaf, la légende et les chansons de la chanteuse, l'un des symboles importants de la France le pays d'amour(que cette image soit fausse ou vraie), sont liés intimement au thème du Pavillon France de l'Expo 2010: la ville sensuelle. Comme je n'ai connu que l'essentiel des chansons de Piaf, c'est dans la traduction des paroles que j'ai aperçu, avant de le sentir dans les notes musicales, cet aspect sensuel et subtil qui fait travailler les mots parce qu'il faut bien mesurer le sous-entendu pour inviter à "sentir" tout au long du spectacle.

Traduire une chanson complète m'a pris un bloc de temps, par rapport à la traduction d'un texte de même quantité. Cependant c'est une joie que j'ai rarement eu dans mes autres expériences de traduction écrite. J'essaie de traduire, ou autant dire réécrire, de sorte que les paroles en chinois soit aussi cadencées comme son original, rimées et possibles d'être chantées avec l'air musical.

C'est par hasard que j'ai traduit entre-temps une chanson de Barbara sur demande. Je me dis que la déesse inspiratrice du mois de mai va me gâter, car il faut une bonne dose d'inspiration, ou d'intuitivité, pour en trouver les mots. Cette chanson sera, en réalité, interprétée lors d'un mariage de star dont j'ai l'immense plaisir d'assister à la préparation. Par confidentialité, je ne crois pas pouvoir en parler pour le moment, mais je peux dire que Barbara m'a conquise encore une fois, avec ses paroles, sa musique, sa personne, et par extension, avec l'amour que je peux imaginer entre le couple mariant.

Alors qui je préfère, Edith Piaf ou Barbara? Je crois que je vais aimer Piaf plus que jamais lorsque j'aurai fini ce travail, quant à Barbara, j'ai trouvé certaines de ses chansons pas géniales. Ceci dit, elle a néanmoins ce charme exceptionnel que lorsqu'une chanson nous accroche le coeur par la musique ou/et par l'idée, qui renvoie à un champ plus vaste que celui de Piaf, par l'expérience personnelle ou par les histoires semblables, se produit une force magnétique qui nous approfondit la compréhension de ses chansons au cours temps: ce dernier étant pour moi le pouvoir ultime du jugement.



Extrait-

La Goualante du Pauvre Jean (interprétée par Edith Piaf)

请您只来听片刻 Esgourdez rien qu'un instant
这首女人们总也不爱的 La goualante du pauvre Jean

贫民约翰之歌 Que les femmes n'aimaient pas
请您不要忘记 Mais n'oubliez pas
不管家财万贯还是一贫如洗 Dans la vie y a qu'une morale
生活中只有一种道德原理 Qu'on soit riche ou sans un sou
没了爱情咱就毫无意义 Sans amour on n'est rien du tout


他曾穿戴体面阔绰 Il vivait au jour le jour

把日子一天天过 Dans la soie et le velours
他曾睡过高级枕席 Il pionçait dans de beaux draps
可是不要忘记 Mais n'oubliez pas
当真心意被抽离 Dans la vie on est peau d'balle
生活中咱便只是空壳一具 Quand notre cœur est au clou
没了爱情咱就毫无意义
Sans amour on n'est rien du tout
(... ...)

年轻人,好好来听听吧 Esgourdez bien jeunes gens
享受二十岁的青春年华
Profitez de vos vingt ans
一辈子可只有一次
On ne les a qu'une fois
也不要忘记
Et n'oubliez pas
其把生命当儿戏
Plutôt qu'une cordelette
不如安心娶个妻
Mieux vaut une femme à son cou
没了爱情咱就毫无意义
Sans amour on n'est rien du tout
那么,我好心的看客
Et voilà mes braves gens
这就是贫民约翰所唱之歌
La goualante du pauvre Jean
他离开时要问您一句
Qui vous dit en vous quittant
您爱么……
Aimez-vous....

Traduction: Delphine
(All rights reserved)



Cocktail-présentation du Pavillon France à Pékin en février



02/05/2009

Têtes d'oeuf- Art Fair (iii)




Il n'y a pas que ces deux figures d'expression assez vive , il y a aussi le retentissement de deux voix féminines virtualisées et qui sortent des bribes de mots sur un peu tout et n'importe quoi.

J'étais épatée. Je me dis qu'ah mais c'est encore eux? Je ne comprends plus, est-ce la répétition ou l'imitation de certaines idées créatives est à la mode dans le monde d'art contemporain d'aujourd'hui? Ou que les coincidences se multiplient parce que finalement tout est circulaire dans ce monde?

Je pose les questions, car ces deux têtes me rappellent immédiatement une autre oeuvre présentée à la Gare de Bercy lors de la Nuit Blanche de Paris 2008: je m'en souviens car ca a été ma préférée parmi toutes les oeuvres que j'ai pu voir lors du tour nocturne parisien qui, pour être franc, m'a été plutôt décevant.

L'oeuvre s'appelle Autoportrait, en voici le lien où se trouve la brève présentation. J'étais arrivée à la gare de Bercy vers 22H30 pour voir un grand monde, adultes et enfants, qui entouraient une voiture rouge claire et qui ne voulaient la quitter qu'au bout d'un bon moment d'observation et avec un air de satisfaction.

S'aperçurent dans la voiture un homme et une femme, d'une figure presque vraie, et tout ce que l'on pouvait voir était comme ce que montre la photo dans le lien. Le couple entre eux, en élevant les sourcils, sur les sujets concrets, voyages, livres en cours d'écriture, lecture, petits rien du tout dans la vie, boulots, etc; parfois le silence règna, parfois ils jettèrent de temps en temps un coup d'oeil vers les gens autour de la voiture qui les regardaient.

"Robots, avec le visage peint et vivant !" certains gosses criaient de fierté après un instant d'observation de près. "Faux". C'était tout ce que je pouvais saisir à 1m de loin de la voiture. Les gens se discutaient entre eux d'une voix tellement basse que je n'arrivai pas à entendre le secret: car j'avais bien senti qu'il pouvait y avoir un secret. Ce fut mon tour: regarder de près, fixer le regard sur leur visage, fixer encore, même si la femme me jetta un coup d'oeil en disant, ah tu vois, il y a du monde autour de nous, c'est bizarre.

Ce n'est pas évident de se rendre compte que finalement, toutes leur expressions ont été projetées depuis d'un projeteur caché qqpart à côté du volant. Simulacre magnifiquement perturbant: une création de Magdalena Kunz et Daniel Glaser.

Alors, que Dieu blesse ce M. Tony Oursler. C'est tout à l'heure que j'ai découvert qu'il faisait aussi partie des artistes invités à la Nuit Blanche de Paris de cette édition. Son oeuvre présentée à cette occations-là ne m'a pas paru génial et je ne rentre pas dans les détails. Maintenant que son oeuvre de deux têtes est présentée à Art Beijing, censée d'être en vente, l'idée provient cependant de l'oeuvre du couple artiste cité en haut. Alors droit d'auteur ou pas droit d'auteur? Reprise du thème, ré-création, imitation, suivie du courant, plagiat, coïncidence? Lequel, ou laquelle?

Mais of course, l'oeuvre de M. Tony Oursler s'est évoluée de son prototype. Si l'oeuvre du couple vidéaliste ont interrogé sur la perception et la sensation du spectateur tout en aggrandissant l'usage de la technique visuelle, celle de Oursler démontre le maniement de cette technique en rendant tout dans l'état originel: les deux têtes se trouvent juste en face de la boîte de projecteur, donc de leur vérité d'être.


figures virtuelles


Et puis, l'artiste newyorkais a su agrandir le regard des deux têtes. "The eyes are very important, since you can enter directly to the inside of a person. " Le photographe de Zimbabwe, Calvin Dondo, l' a ainsi prononcé.

Urh yeah, au fait j'étais là pour rester au stand de la mini-expo africaine "Bamako Encounters". Deux photographes et un conservateur étaient là, représentant une communauté des artistes africains soucieux de faire connaître leur société actuelle et de plus en plus internationale au monde entier.



portrait de Sergio/ Photo: Calvin Dondo
( J'ai demandé à Calvin de prendre une photo avec mon appareil et c'est ce qu'il a fait,
et puis il a parlé du regard d'un personnage)




Monna et Sergio
(Normalement ils sont bien sérieux, mais après une journée assise c'est le moment de détente.
Les photos derrière sont prises par Sergio.
)



Calvin Dondo
J'aime particulièrement son regard.