30/04/2009

Art Beijing- Art fair (ii)




On appelle cette occasion an Art Fair parce qu'il s'agit des affaires.

Mettons à côté les oeuvres étrangères qui sont là davantage pour s'exposer que pour se vendre, les oeuvres chinoises présentées ne sont pas surprenantes. J'ai l'impression que c'est un lieu qui ressemble à une grande halle de gallerie mais qui ne l'est pas encore, qui réserve pourtant une salle VIP pour que l'on puisse y parler du business: un lieu disons entre une gallerie et un marché de vêtements par exemple. Une large partie d'oeuvres ne donne pas envie de s'arrêter devant et de la regarder longuement.

Mais comme toujours, l'exception existe. Lorsque les deux blocs illustrés en haut entrent dans ma vue, je m'arrête, je me dis que wow, ces langues...


langue de boutons


Le bloc en couleur est fait des boutons. Tous les visiteurs que j'ai vu, s'ils se sont intéressés par cette oeuvre, s'approche d'abord de ce bloc en couleur, comme moi.



Langue de cuillières

C'est peut-être que ce bloc en argent donne l'impression de froideur, voire d'hostilité. Il y en a qui commentent, qui commentent près de la langue de boutons sans regarder cette langue de cuillières, que Ah regarde, ces deux collines sont intéressantes...c'est fait de boutons! Ils ne sont pas sans raison en disant cela, chacun a ses perspectives... et puis, c'est juste un dire.


panneau- pouvoir du discours : Full and Warm


Le texte que l'auteur a donné à son oeuvre: "Pouvoir du discours: Full and Warm." Je ne trouve pas de mots exacts en français pour donner un équivalent efficace. Plein et tiède? Ca fait un peu bizarre tout de même... au moins, pour une fois je tentais de dire "je suis pleine" à la fin d'un repas, alors que l'hôtesse m'apprenait que l'on dit plutôt "j'ai plus faim."

"Full" et "Warm" est l'un des critères pour mesurer le niveau de vie du peuple d'un pays, selon la science économique chinoise. Si l'on fait les notes de A à E, Full et Warm! 温饱, ça fait un D, passable. C'est l'au-revoir de la pauvreté (notée E) et le départ vers un Xiao-Kang/小康/le petit bien-être , noté C(assez bien), et plus loin, un Fu-Yu/富裕/la richesse, notée B (bien). Pas de A(très bien) pour la Chine, car "la Chine ne veut pour rien au monde faire l'hégémonie dans le monde", promis juré.

En lisant le titre, on lit directement l'oeuvre. Tout est très concret. Beaucoup de cuillières en inox qui évoquent la nourriture, donc on est "full"; beaucoup de boutons qui évoquent l'habit et qui enveloppe la langue, donc on est "warm". On devrait être très warm.

L'utilisation des boutons est loin d'être une nouveauté artistique. A ce sujet, j'ai certainement pensé à Michel Jeannès et à son art de boutons. L'idée du départ de ses oeuvres me semble être de développer le sens du lien et du quotidien incarnés dans cet humble objet d'émotion, ce qui est plutôt abstrait, comparé à l'idée de Wang Kaifang, l'auteur de l'installation des langues, qui montre directement le concret et l'illustrable, quoique, derrière l'évidence, il y a aussi l'implication significative à exploiter.

La tranche dualiste abstrait/concret est peut-être trop efficace, mais honnêtement, elle trouve son terrain en Chine car bien des voix majeures de notre société d'aujourd'hui répugnent l'abstrait(malgré le fait que l'opéra chinois s'avère la quintescence de l'abstraction) , la métaphysique(la métaphore est largement privilégiée), l'irréel, le théorique, l'invisible...et il se peut que la majorité se tourne vers l'autre extrémité lorsqu'elle en a marre de ce qui ne lui plaît plus.
De s'équilibrer, comme de se justifier, ça semble toujours être une tâche difficile pour les Chinois. C'est normal, quand on va hors de la vitesse de la routine, que l'on se laisse perturber par les critères flexibles, les biens et les mals permutables, les vrais et les faux enchevêtrés..., on pert le boussole et on ne sait plus. On ne sait plus repérer dans l'inondation des choses.

Ah, je sens que je dois absolument aller me coucher.


29/04/2009

A Pékin, où va M. Chat (Art Fair- i )



Où va M. Chat à Pékin?



M. Chat est stand-alisé à Pékin



Mais bien-sûr il ne s'en contente pas. Salut M. Chat!




L'art du graffiti, c'est, par ex, trouver le bon endroit pour peindre le nuage



Tant qu'on reçoit les VIPs... autant en profiter. Youpi!!



M. Chat veut pécher la presse.



M. Chat pose à l'itv.
- Qui êtes-vous, M. Chat?
- Heu, je suis M. Chat, jaune, gros et/mais souple...et je sais voler!
Et puis, on m'a dit que je suis symbol de l'art populaire et du partage. C'est chouette, non?

-Bonjour, M. Chat!
-Enchanté!




Press Center


M. Chat s'est bien amusé et va partir ailleurs. Il est dit qu'il a perdu son sac dans lequel il y a son ordinateur. C'est dommage, d'autant que la police ne semble pas être capable de retrouver le sac. Mais ce n'est pas grave, M. Chat sait toujours grimper sur de jolis bâtiments et surprendre dans la rue avec son grand sourire.

28/04/2009

Baroque?

Le plafond


La troupe musicale s'appelle "Le poème harmonique". Vincent Dumestre en tête, qui se spécialise sur les musiques du XVIIe et du XVIIIe Siècle.

C'est la première fois que j'ai assisté à un concert baroque avec les instruments.

Leur concert a ravi le public pékinois, ce que personne n'avait imaginé. "Musique baroque", ça ne fait pas peur au public chinois, ce genre de musique?

Au départ, les quatre solistes chantent justes, solennels, accompagnés des instruments à cordes, à vent, et de percussion qui entourent le luth (ou le guitare classique) de Vincent Dumestre. Le luth, c'est l'un des mystérieux. Le son n'est pas très distinct, et pourtant ça tient comme le fil de conduite durant tout l'air. Moi qui n'ai pas une connaissance particulière sur les instruments occidentaux, crois que la luth a comme équivalent le tympanon chinois que je connais par coeur : ce dernier est l'instrument de percussion (mais avec bcp de cordes!) qui se joue tout seul mais, malgré le fait qu'il se trouve presque tout le temps au milieu d'une troupe, accompagne en général les autres instruments majeurs(plus particulièrement le Er-Hu, équivalent du violon) dans une troupe musicale.

Les violons, si ces instruments s'appellent le violon, sont également joués de manière inhabituelle(ou plutôt de manière classique?). Le violon, la viole, le violoncello, aucun n' est posé au cou, tous sont dressés et se joue avec un archet que les musiciennes tiennent, leur paume droite ouverte en dessus. Autrement dit, la méthode de ces instruments à cordes classiques n'est pas comme celle du violon mais bien comme celle du Er-Hu.

M. Dumestre change de temps en temps d'instruments entre la luth et la guitare classique. A côté de lui, une autre dame qui joue de la flûte. Pas seulement de la flûte, au fait, mais plusieurs flûtes de différentes tailles qui s'étalent à ses pieds, et un long tube qui produit un son comme du saxophone. Changer les instruments, c'est toujours un jeu intelligent au sein d'une troupe, c'est à la fois une nécessité musicale et un spectacle. J'ai gardé la mémoire de faire pareil avec les troupes de musique classique chinoise dont je faisais partie. Notre maître d'alors pensait que, comme nous avions joué le tympanon durant plus de sept ans, nous pourrions penser à changer, à chercher d'autres choses à jouer: le Er-hu, par exemple, compagnon idéal du tympanon. Alors toute la classe avait acheté le Er-Hu. Durant trois ans on a appris le Er-Hu en continuant le tympanon, et un jour le maître dit que ça y est, on est prêt, on commençait alors à s'alterner entre les deux instruments dans la troupe. Pas seulement deux instruments, au fait, car à partir du Er-Hu on a aussi le Zhong-hu, l'équivalent du violoncello, et le Di-hu, l'équivalent de la contrebasse. Quoi qu'il en soit, le principe est le même. Il m'arriva même que le maître me demanda de jouer la grosse luth avec un plectre. Si ce n'est pas pour jouer seul, cet instrument s'apprend en quelques jours car il faut juste retenir les gammes et que c'est principalement pour donner les sons décoratifs qui sert d'assurer le rythme de base comme la contrebasse.

Quand on est dans une troupe musicale, le plaisir est de s'émerger dans le tout musical et de se laisser emporter instinctivement par la musique. C'est ce qui s'aperçoit sur scène: l'ivresse. Le percussionniste est visiblement dans son univers. Il danse ses bras en faisant les claquements de doigts pour faire du rythme, il met le tembourin sur le rond du grand tembour qu'il bat, ce qui produit un son de tembour mélangé de celui de grelot. Et puis il utilise les instruments qui ressemblent à ceux dont le public chinois est familier : le kuai-ban(le percussionniste m'a dit un terme mais je n'ai pas pu le retenir...sur Internet il y a la traduction anglaise comme "a kind of rap"...faint...) , il frappe les poissons de bois (Mu-Yu) en imitant les pas du cheval. Rythme de génie.

Les chants s'avèrent d'autant plus allègres que les improvisations se multiplient au fur et à mesure. A un certain moment, les quatre solistes avancent, se mettent en avant pour jouer de petits épisodes de la courtoisie amoureuse. Pas besoin de connaître les langues (quelles langues déjà, basque, latin, espagnol, italien, français...) pour les comprendre, leur corps et leur ton s'expriment. Qui ne comprendra pas leur badinage de l'amour, les fausses bienveillances, la stupéfaction du monsieur devant la dame faussement irritée, la main retirée et la tête retournée? Les ondes des yeux, le sourire réservé, le raideur vers l'un et la tendresse vers l'autre? Parce que l'amour, comme la musique, c'est l'un des plus communes des choses que l'on puisse partager à n'importe quel coin du monde.

Le concert s'est terminé sous l'acclamation du public. L'enchantement total. Les amis français disent qu'ils n'ont jamais pensé que la musique baroque pouvait être aussi léger et réjouissant, ils croyaient, comme je le croyais, que la baroque, c'est Lully, c'est Bach, c'est le sacré, le religieux, et une petite dose de profane. Mais non. La cantatrice dit dans une interview que le baroque, pour elle, c'est la passion tout court.



(plus d'infos sur
Le poème harmonique: cliquez ICI)



Le percussionniste et son amour


Je demandai à Joel s'il a toujours été percussionniste, il dit qu'ah oui, je ne sais que faire ça. Ca fait longtemps que tu joues dans le Poème Harmonique? Non, dit-il, avant, je jouais dans un groupe de rocker.Waouh.

Sur la table de repas il a ainsi résumé les similitudes des instruments de percussions: que les musiciens de différentes cultures prennent les outils similaires et après, ils auront chacun leur méthode, et chacun y ajoutera des contenus avec leur propre Histoire.

Son amour est une espagnole souriante. Son identité nationale se distingue subtilement à travers les yeux. Je suis convaincue que les yeux des espagnols, hommes ou femmes, brillent parce qu'il y a du soleil; tandis que pour les italiens, le soleil se trouve sur leur corps. Lorsque la charmante me dit qu'elle est actrice théâtrale, je me suis émerveillée sans trop savoir pourquoi je m'émerveillais. Je leur dis que vous êtes enviables, et je leur demandai d'en prendre les photos.

26/04/2009

Allô Croisements, c'est Delphine

J'ai trop travaillé et j'ai épuisé mes journées déterminées avec Panorama. J'ai complètement oublié que les horaires sont comptés par jour et qu'il existe une limite du nombre des jours. Après qq vicissitudes, j'ai pu commencer tout de suite à travailler sur Croisements. CDD devenu CMT(mi-temps!), l' attachée de presse a sorti du bureau pour devenir chargée de mission: au vu des titres, c'est forcément le second que je relativement préfère car personnellement je ne me sens pas si attachée à la presse et que je suis souvent très chargée; et chargée de mission, c'est définition très variée et générale. Mes missions prochaines seront principalement le soutien à l'organisation, la traduction, l'accompagnement. Selon les échos, ce serait ce qui peut me mieux convenir. C'est possible, vue le bonheur que j'ai eu lors de la semaine de la délégation.

Je ne sais décrire le sentiment que j'ai eu en quittant le bureau, ni happy ni sad, si j'ose dire. Au moins une chose est claire, j'ai compris qu'il vaut mieux que je ne travaille pas durant toute l'année dans un bureau devant un ordinateur parce que j'ai l'impression que le bureau me fige, ou que je me fige facilement dans le bureau. Ni mon physique ni mon coeur ne le supportera à long terme.

Après, c'est question de l'argent. "L'argent, au fond, ce n'est pas vraiment un problème." M'a dit un ami à Shanghai. Il a peut-être raison. L'important sont l'idée et le faire, après, c'est les circonstances qui déterminent. Les moments riches et les moments pauvres s'alternent souvent dans ma vie, surtout depuis 2008, et l'équilibre est tout de même possible.

Je ne travaillerai alors qu'avec et pour les artistes qui viennent pour le festival Croisements. "Ca te convient, sûre? " Oui, ça me convient, sûre.

Et puis? Deux traductions à finir. Et puis? Ecrire. Et puis? Ma foi, qui sait.

25/04/2009

Le bruissement et la lumière

Il fait un vent fort ces jours à Pékin, et parallèlement, un grand soleil de lumière transparente. En arrivant à Pékin lors d'une discussion avec un Français, il m'a dit que l'une des raisons pour lesquelles qu'il a préféré Pékin, c'est que le temps à pékin ressemble à celui en France, que pour les artistes, par exemple, c'est plus agréable de vivre ici car la lumière y est particulière.

Je m'en doutais, j'y crois maintenant.

Le seul fait de se promener n'importe où dans la foule sous cette lumière amène un bonheur assez plein. La lumière éclaire le coeur, m'évoque le souvenir du soleil italien.

Et le bruissement du feuillage sous ce vent fort, curieusement, semble être exactement ce que j'ai entendu au bord de la mer à St Andrews, sous un temps couvert.

Les moments saisis

Comme intitulé.
Tous droits réservés.



l'objectif du réalisateur



R. Duris pose pour Kan Dianying
(il est grande star mais contrairement à Binoche, il est très très abordable)



prise photo Kan dianying



prise photo E-R (Cosmopolitain)




treature finder (prise photo du Cosmopolitain)




master classe E-R (source:Beijing Wenwang- cliquez ICI)




le Migou de J-R Girerd:
"Non non, je ne vais pas manger chez l'Officiel,
je dois aller chercher un pot de thé pour ma femme."

(cliquez ICI pour avoir son site, et trouver son blog)





Sur M.Jacques-Rémy Girerd: comme sa coproductrice taiwanaise l'accompagne tout au long, et que ses interviews se passent au même moment que les autres dont je m'occupe, je lui ai à peine parlé. J'ai juste pris le temps pour lui expliquer les horaires modifiés, le quartier où il peut probablement trouver le pot de thé qu'il cherche (et au bout de qq heures il dit que Delphine, Delphine je te dis un truc, j'ai trouvé un quartier où il y a vraiment de beaux pots de thé...), pas plus que ça. Mon collègue a dit de son côté que c'est bien l'homme de caractère, et moi, ce dont je me souviens, c'est la clarté de ses yeux d'enfant. Rarement peut-on voir cette sorte de limpidité dans les yeux d'un adulte. Il dit bonjour puis il te regarde longuement comme ça, souriant : un regard d'ingénuité et de franchise qu'on ne peut refuser ni ne sait comment réagir autrement que de le regarder de la même façon. Et puis, au niveau esthétique (sans parler des thèmes), son site de bande-dessinée est top.


Sur Eric-Ramzy: dans une interview francophone, ils exhibent leur chinois. "XuYao! ça veut dire besoin, j'ai besoin" , et "san! , trois. "XuYao-San!, j'ai besoin de trois (femmes: Eric). Ils ne savent pas (ou qu'ils le savent peut-être) que l'abréviation de leur duo E-R veut dire: deux("er"). Quelle magie de nom. L'accompagnement de ce duo comique a été soigneusement conçu. Depuis le début on est alerté: attention à ce sacré couple! Les gens de l'équipe qui accompagnent ou qui traduisent sont les plus préparés psychologiquement et moralement à recevoir leurs coups de rire: il faut être à la fois bienveillant et débrouillard, un peu d'humour et de distraction pour leur donner des echos, un peu de diplomatie pour qu'hélas, certains chinois ne les prennent pas pour les méchants. (épreuve de rire: cliquez ICI)

C'est parce qu'ils tentent les bises(genre bouche-à-bouche) partout, a la fin des interviews, au cours de la master classe ou encore sur la scène de la soirée d'ouverture. Tellement que la photo ci-liée qui montre leur baiser de zèle qui a surpris l'animatrice chinoise a été forwarded on ne sais combien de fois sur l'Internet et a irrité les internautes qui ont drôlement cru que les comédiens ont "forcé le baiser(qiang-wen)" à l'animatrice de CCTV ". Ca a inquiété certains et a bien amusé d'autres.

19/04/2009

Sur ta joue ennemie, l'empreinte d'un baiser peureux


J'ai fini ce film il y a quelques semaines avant l'arrivée de la délégation, à la hâte et sans savoir comment en parler: durant tout le spectacle, j'ai senti la nébulosité des faits. Une espèce de brouillard existe dans tout le film.

On ne savait pas que la jeune femme poursuivie par l' homme sortant de la prison était la soeur de ce dernier. On croyait que c'était une histoire de coeur, remplie de séduction et de pulsion sexuelle. Les jeux se jouent tellement bien que, même si les paroles nous dévoilent leur relation fraternelle à un certain moment, la suspicion ne s'efface guère, et l'on croit que l'hystérie pourrait venir aussi bien du crime que de la passion amoureuse.

L'aspect de la sexualité semble être inattendu pour Jean-Xavier : "au début je savais pas, et lorsque j'ai vu ce qu'ils ont joué, je dis: ouh lala...:)" Pour moi en revanche, la sexualité improbable entre la soeur et le frère est bien un succès, c'est un plus presque nécessaire car cet aspect brouille la perception facile, complique les émotions et empêche le jugement efficace. Notons d'ailleurs que l'inceste est un sujet aussi tabou que celui du meurtre au sein de la famille.

Si l'on parvient à comprendre que la pulsion émotionnelle n'est pas à cause de l'amour sexuel, il faut attendre encore un petit moment pour que l'insupportable meurtre de l'adolescent d'alors soit remis en cause après ses 15 ans de prison au début de sa liberté conditionnelle, et que les questions se posent, que la tension tienne entre l'expulsion et le traumatisme.

L'explication du crime d'enfance ne se trouve pas, au lieu de donner la bonne réponse (comme l'a fait maladroitement le scénario du Il y a longtemps que t'aime), le film interroge, et représente la réconciliation tendue et momentanée entre le frère et soeur. L'amour et le déchirement se mèlent, d'un côté la soeur aide le frère à se confronter au crime qu'il a commis et à en trouver une raison, de l'autre, le frère essaie de sauver la vie foutue de sa soeur, la seule personne à laquelle il tient dans ce monde. S'aperçoit une sorte de grâce entre les deux, au sens presque religieux.


La clôture de l'histoire se transforme en un drame, qui surprend, et dans lequel se poursuit le ton général du film, celui de l'abandon et de la fragilité. Le frère qui a fait un doctorat de philosophie dans la prison, est allé faire un crime délibéré dans une librairie où il a récité par coeur les auteurs dont les noms m'échappent: afin de retourner dans sa vie emprisonnée, de laisser tranquille sa soeur et le bébé à voir le monde.

Pourquoi faire ça? Demandent certains journalistes. Le réalisateur répète donc que ce film, inspiré d'un fait divers dans un journal, n'est pas pour donner une explication qu'on ignore, mais pour traiter la relation complexe entre le frère et la soeur. C'est exactement sur ce point que j'ai rendu compte que ce film est profondément humain. L'humain, c'est présenter une vision complète du bien et du mal, un regard égal envers le criminel et sa membre de famille, c'est essayer d'être sincère et honnête. La complexité est la nature de l'être humain, en effet, tandis que les moeurs font les catégories suivant le bon fonctionnement des sociétés. Et le droit? Est-ce l'envers de l'humanisme? (ou qu'il en est le bas côté, comme je l'avais interrogé?)

Une scène m'est survenue dans la tête lorsque je discutais avec le réalisateur : celle du vertige du frère sous la grande lumière du jour, lorsqu'il s'étend sur une chaise à la station du ski. La caméra tourne et monte, éloigne le jeune homme comme si elle avait envelé quelque chose en lui; une lumière blanche et violette couvre son visage.

Je demande comment il a conçu cette scène. Il dit que si tu veux vraiment le savoir, ça vient de Camus. "L'Etranger?!"le titre m'arrive comme un déclic. Il affirme: le grand soleil, le vertige sur la sable, le tir aveugle. L'absurdité. Tout d'un coup je crois avoir compris mieux que jamais ce film, l'aspect irrationnel qui est proche de la vérité des choses. Il dit qu'il aime beaucoup Camus, je dis que l'Etranger est l'un de mes livres préférés: "Aujourd'hui, maman est morte, ou peut-être hier, je me souviens pas...("je ne sais pas" plutôt, selon le texte original)" "Voilà...la douleur enfermée à l'intérieur...forte mais qui ne... sort pas...Sans pleur...sans bruit..." Et un état étrange, isolé, en dehors de là où il vit. On se comprend.

Enfin, découvrons le titre. La version chinoise est traduite de l'anglais "Welcome Home" qui ne plaît pas à M. Lestrade. Un titre, c'est essentiel et intentionné, pourtant les Américains ont cherché probablement à être efficace, et les Chinois les ont suivi. Un autre anti-exemple: l'une de ses oeuvres précédentes, celle avec laquelle il a accroché un Oscar du Meilleur film documentaire, s'intitule "Un Coupable Idéal" en français (parce que le garçon noir innocent est un coupable fabriqué par la justice locale), et est devenu "Murder on a Sunday Morning" dans la version en anglais puis en chinois. Nom de Dieu, ça désarme le titre.

Cette première fiction du réalisateur s'intitule "Sur ta joue ennemie": l'évidence de la difficulté de traduire. Parce que c'est une phrase de poésie mallarméenne qu'il a découverte par hasard lors de sa réalisation, et que le hasard contribue à la révélation des ineffables.

Dit: "De ce blanc flamboiement l'immuable accalmie."


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TRISTESSE D’ÉTÉ

Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
En l'or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
Et, consumant l'encens sur ta joue ennemie,
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.
De ce blanc flamboiement l'immuable accalmie
T'a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux,
« Nous ne serons jamais une seule momie
Sous l'antique désert et les palmiers heureux ! »

Mais ta chevelure est une rivière tiède,
Où noyer sans frissons l'âme qui nous obsède
Et trouver ce Néant que tu ne connais pas !

Je goûterai le fard pleuré par tes paupières,
Pour voir s'il sait donner au coeur que tu frappas
L'insensibilité de l'azur et des pierres.

Stéphane Mallarmé, Du Parnasse contemporain





Jean-Xavier à l'interview avec ICS(International Channel of Shanghai)


La patronne m'a demandé d'arrêter d'appeler Lestrade et de l'appeler soit M. Lestrade (ou M. de Lestrade, je ne sais plus...), soit Jean-Xavier, soit Jean-Xavier de Lestrade. J'ai préféré de l'appeler Jean-Xavier.

Jean-Xavier a fait le droit avant de faire le journalisme et les documentaires. Le droit, comme la philo, sont devenus pour moi deux disciplines sacrées, et les gens de ces deux disciplines que j'ai rencontrés jusque là sont presque tous très charmants et cultivés, intéressants de discuter avec, et, comme Jean-Xavier, ont un regard calme et rassurant.

J'ai fait la traduction pour Jean-Xavier dans son interview avec l'émission Pin·Wei(品·味)du SMG(Shanghai Média Group, ou bien, selon une collègue française, la marque d'un yahourt sans matières grasses:))). Les questions posées par le producteur qui est un critique de musique que j'admire, sont selon Jean-Xavier les meilleures qu'il a reçues durant ce voyage en Chine. Dans cette interview, il a pu parler des essentiels. Il a parlé du fonctionnement de la justice, de la nécessité de la diversité et de l'ouverture aux autres. En répondant au producteur, Il dit qu'en effet, pour faire les documentaires, les principes de l'observation sont la logique, l'exactitude, l'humilité, et qu'en plus, il faut ajouter la tolérance. J'ai été heureuse d'avoir suivi cette interview.



18/04/2009

L'insensée de Shanghai

cherche son chat



C'était en pleine minuit. On est arrivé à Pékin en pleine minuit. Le trajet a été long, même si le vol Shanghai-Pékin semble être achevé en un clin d'oeil. J'ai eu du mal.

Le lendemain matin lorsque j'ai ouvert les yeux, j'ai eu le sentiment d'avoir réveillé d'un rêve. Un rêve étrange, qui m'accrochait et que je ne voulais quitter.

Je ne trouve guère de mots pour décrire ce voyage à Shanghai. Le voyage, non pas le retour. N'y retourne pas. Je l'ai su lorsque je sortai de l'aéroport et que l'humidité de Shanghai m'embrassait: c'est la première fois que je l'ai sentie aussi fort, mélangée de fraîcheur.

Un voyage de coeur, comme si tout se passait dans un ustensile transparent où je ne me trouvais nulle part, ni dans ma ville, ni dans la ville d'où vient la délégation.

***

Ca a été une semaine remplie de discours. Discours médiatiques, souvent efficace et répétitif mais certains en sont enrichissants, font réfléchir, permettent aux artistes d'exprimer ce qu'ils voulaient sortir.

Plus agréables sont les conversations avec les artistes, dans une voiture qui roule ou dans un balade en plein centre. On parlait de tout, on parlait des parcours, des anecdotes, des architectures, du psycho, du délire imaginaire, des langues, des crimes, des taboux de la société, du justice, de la lueur dans les ténèbres, celle qu'on peut appeler l'espoir, de la tolérance. De leur vision du monde.

***

L'hôtel, espace de déplacement et de tourisme. J'ai été obligée d'écouter les petits secrets des agents : une fois qu'ils parlent entre eux, ils utilisent automatiquement la langue locale. Les interprètes qui travaillent pour les rencontres du public au cinéma me parlent en shanghaien sans hésitation lorsqu'ils m'appellent sans qu'ils ne me connaissent, tandis que je fais partie de l'équipe de Pékin. Je cherchais en vain de me débarrasser de cette familiarité, cette prétention de l'avantage linguistique. Je ne trouve pas de moyens pour contourner ce dialect.

Au bar du 30e étage, le panorama du centre de cette ville s'étend sous les yeux. Au milieu, la fameuse rue piétonne, que je connaissais par coeur, s'est montrée comme un endroit qui m'est complètement inconnu. La partie haute du bâtiment de l'hôtel est construite sous forme de prisme: l'idée me semble être bien judicieuse.


rue piétonne, vue du vitre


L'ambiguité circule dans le couloir en traversant lequel on accède à la chambre sans faire du bruit, grâce à l'épaisseur du tapis. Un point vert clignote lorsqu'on insère la carte, s'ouvre alors une pièce de confort et d'intimité temporaires, et temporelles, que traversent des historiettes insignifiantes qui surprennent comme les étoiles filantes. La nécessité est de faire un peu d'efforts pour s'y accommoder, de se dire qu'après tout, c'est différent qu'une auberge de jeunesse.

***

Dans le minibus je regardais les bâtiments courir vers l'arrière et pour une fois je recommence à m'interroger où me rendre. Ne sais dire où aller. Durant trois jours j'ai vécu pleinement dans un état idéal, ai revisité la ville qui a été la mienne. Après, où va, quelles villes dans ce monde, pourquoi repartir, déjà? N'ai pas de goût prononcé pour partir, tant s'en faut (ô, tu parles, Delphine.). Sorte d'âpreté qui bourre un peu la ventricule du coeur.

Nejma m'a envoyé un texto me demandant "pourquoi, cette monosité?" Si je savais pourquoi, Nejma.


vol Pékin-Shanghai


12/04/2009

Con-versr

Delphine: Et pourquoi tu as décidé d'apprendre le chinois plutôt que les autres langues?
Anaïs: Bah... à l'époque j'avais envie d'apprendre à dessiner, et puis j'ai vu que le chinois c'est un peu comme...
Delphine s'émerveille.

...

Delphine: Alors tu es maintenant chinoise ou française?
Anaïs: Mais je suis française! Tu sais, pour avoir la nationalité chinoise, il faut avoir la mérite...ou sinon, il faut que tu choisisses et tu n'en prends qu'une nationalité. C'est sacré comme une religion, comme quoi, quand t'es catholique, tu ne peux pas croire à d'autres religions.
Delphine se brouille: on a dit que la Chine n'est pas un pays religieux?

***

Fiona: au fait tu es française ou chinoise?
Delphine: chinoise plutôt. enfin...
Fiona: Et pourquoi tu as un nom français?
Delphine: Euh...parce que j'ai l'habitude d'être appelée Delphine lorsque je parle avec les européens.
...

Delphine: Au fait, tu t'identifies plutôt à quel territoire? Australie? Canada? Belgique?
Fiona: je sais plus. Je suis perdue...Tu as peut-être le même sentiment, non?
Delphine: exactement.

...

Farida: Dis donc, Fiona, t'as les yeux verts et au fond c'est du brun. C'est très rare. Tu devrais avoir qch en toi...

***

Fille: vous croyez que quels genres d'hommes ont du charme?
Farida: Ceux qui aiment les femmes...et quand je parle d'aimer, je parle de respecter. Les hommes qui savent respecter les femmes sont rares.
Fille: Et à votre avis, M. Sarkozy a du charme?
Farida: lui oui. pour les politiques je sais pas. Mais à ce niveau, c'est quelqu'un qui aime les femmes et qui a du charme, oui.

***

Fille: vous avez peur de vieillir?
Farida: certainement, comme tout le monde d'ailleurs...mais en même temps c'est de la chance...ceux qui ne vieillissent pas sont morts.

***

Delphine: tu préfère être mannequin ou actrice?
Farida: actrice. d'être mannequin c'est...dûr, et moi je refuse des choses, tu vois...
Delphine: tu crois que c'est important de garder ton propre...style?
Farida: oui, j'aime être naturelle. C'est important, parce que ça dure. Il y en a qui ne durent pas.

***

- C'est une chose intéressante. les films semblent être en train de parler d'autres choses, alors que ça parle toujours de soi-même. C'est sorte de regard sur soi-même à travers les regards des autres. (C. Klapisch)

***

-Tu as fait de bons boulots, tout va bien, mais sois plus sûre de toi, parle plus fort. Et puis... je sens qu'il y a quelques choses qui manquent... juste une touche, tu vois...je sais pas définir...(la patronne)
(voix-off de Delphine: une partie de vie peut-être... une partie de Delphine enlevée...ou la vitamine?)

***

Départ demain bon matin. Aller à Shanghai. Derniers trois jours de combat. Souvenir exceptionnel. Pour une fois Delphine va dormir dans un hôtel dans sa ville. Ce serait drôle.

03/04/2009

Allez, pour finir...







Grrrrr...

-Bon Delphine, c'est juste pour te le dire, ici tout le monde a fini son planning sauf pour la presse. Lundi au plus tard il faudra finaliser les choses hein. Semaine prochaine les gens arrivent et on commence déjà. Voilà, je te mets la pression. Prends ta vitamine et au boulot.
-Delphine je t'ajoute une pression, d'ici ce soir il faudra que tu vois vraiment bien comment on fait pour organiser les interviews du samedi aprèsm, demain on va voir ça sur place à l'hôtel, ok?

Par conséquent, je suis devenue, pendant toute la journée, hyper concentrée(jolie synonyme de "stressée") et efficace et je file les confirmations à notre équipe. En compagnie de la musique créole (merci Andréa) je téléphone d'abord au lieu d'envoyer tout de suite les papiers sur lesquels les journalistes n'y glanceraient peut-être que d'un oeil. Je téléphone et présente, rappelle, négocie, convaincre, invite, inspire même. Les conversations sont pour la plupart du temps réjouissantes. Les journalistes me ravissent en disant tout d'un coup "ah oui, c'est intéressant...".

***

- Allô, Panorama? Nous sommes un magazine masculin genre Playboy, nous pourrions faire une photo shoot avec Binoche?
-Désolée, c'est trop tard et c'est déjà plein...dommage que nous n'avons pas eu vos contacts avant.
-Ah...en effet, nous avons entendu parler de vos événements par les amis...

- Mais est-ce que vous avez vu notre liste de la délégation? Et la soirée d'ouverture, vous en êtes au courant? Binoche sera présente aussi. Et puis il y a une actrice qui a été mannequin...
- Oui, c'est intéressant. Vous m'envoyez les dossiers?
- Volontiers.
- Et qu'est-ce qu'il y a à la soirée d'ouverture?
- Euh c'est un peu comme à Cannes, à l'extér, il y a tapis rouge médias invités et leurs petits mots, à l'intérieur il y a une installation de dégustation artistique. Celle-ci est bien original et s'est très bien passée à Shanghai.
- Ah!! Ca m'intéresse! Au fait nous préparons les thèmes comme "beau vin/mei jiu", "beau bouffe/mei shi", et aussi "bella/ mei nv"!
- Très bien. C'est génial. Je vous passe à mon collègue, lui s'occupe de la déguste. Pour les actrices merci de me confirmer votre liste d'itvs asap.

- ok merci, keep in touch!

***

A un certain moment, je me rends compte que mon rôle d'attachée de presse ressemble bien au travail d'une directrice du mémoire: contexte/domaine d'un média, sujet/topic à proposer, problématique/ la direction d'une interview, le plan/le plan des questions...les rdvs avec la prof/ les réunions avec le rédacteur en chef pour décider : interviewer ou pas! Je parle et parle, je partique l'art de l'argumentation et j'ai compris que les cours de sociolinguistique que j'ai pris à Bergamo m'ont bien été utiles.


Et puis j'envoie les documents pour que les journalistes intéressés préparent leur projet. La préparation d'un projet d'interview, c'set chose mutuelle et chose de coeur. Il faudrait accompagner le journaliste pour tout finaliser, et avec bonne volonté en espérant de mener ensemble des choses vers le "paru", afin d'éviter que l'un ou l'autre ne se perde. De simples "ci-joints" seraient ignorables et bien sec. Il m'a fallut, pour certains médias importants et intéressants, écrire de longs textes pour donner les infos et les propositions. j'ai l'impression d'avoir préparé de mon côté plusieurs projets de dossiers, sur les films, les parcours des artistes, les thèmes sociaux, la tradition de la comédie française, l'aspect comparatif entre le langage comique dans la tradition du cinéma muet occidental et le gestuel dans l'opéra de pékin, la diversité de la francophonie, le cinéma français d'aujourd'hui et son historique, la mode et le cinéma, les productions, les documentaires-fictions, etc.

A un certain moment, j'ai eu envie d'écrire sur tous ces sujets. Le média, c'est chose terrible et parfois chose très formante, s'il parvient à subsiter tout en bien guidant le goût public. L'un des deals qui m'a plu le plus, c'est qu'une responsable d'un magazine de jeunesse propose d'envoyer leurs journalistes lycéens pour qu'ils interviewer les délégués concernant les thèmes de jeunesse. (Muyl, bien sûr, et le film Stella que j'ai pas encore eu le temps d'en écrire) Moi-même étant bénéficiée des mags de lycéens, je ferais mieux pour que les jeunes lycéens aient cette occasion pour dialoguer avec les professionnels du cinéma et en retour, ces réalisateurs auraient forcément intérêt à découvrir la mentalité des jeunes chinois, de même que la réaction de ces derniers sur leur travail.

***

En voici un autre deal exemplaire avec une journaliste d'un mag de qualité qui m'engueule parce qu'elle a râté l'interview individuelle avec Binoche.
...
- Mais je comprends toujours pas, comment ça se fait que notre demande soit néglié comme ça?
- Comme ce que je vous ai expliqué, Binoche est venue d'abord pour la danse et ensuite pour Panorama, elle a ses propres PR et nous ne sommes pas en charge d'assurer votre demande parce que c'est pas nous qui décidons, nous ne faisons que transmettre et c'est pas nous qui prenons la décision pour sa presse.
- C'est bien absurde non? Vous vous êtes mal organisés! Comment on fait alors? Encore un peu d'effort, non? Vous savez que nous, nous écrivons d'articles de qualité et nous gardons les qualités propres des oeuvres d'art.
- ...... Alors vous avez bien eu notre liste de la délégation, je crois? Comme vous travaillez bien sur les arts sérieux, je vous propose de voir, euh par ex le sujet de la production du cinéma. Le président de l'Unifrance arrive cette fois et c'est l'occasion à ne pas manquer de l'interviewer. Puis on vient d'ajouter dans notre liste le responsable du département des affaires internationales du CNC, vous savez, c'est un peu comme le SARFT en Chine. Avec ces deux puissants vous pourriez aborder le sujet de la production, de la co-production internationale, de la coopération Eu et non-Eu dans le domaine audio-visuel, etc, le système du cinéma français a quand même bien des choses à apprendre, comme référence, pour le cinéma chinois...

- Mais sachez que d'habitude nous travaillons que sur les oeuvres(sous-entendu: les films).

- Hé bien nous avons plusieurs oeuvres intéressantes, reste à les faire mieux connaître au public, n'est-ce pas ce que sont censés faire les médias?
- Mais il faut que ce soit connu au moins...il faut que les gens veulent le lire quand même.
(Ma foi quelle logique, j'ai entendu tout le temps qu'on me dise qu'il faut que le star soit connu pour que les interviews puissent être faites et que les articles peuvent être lus, je comprends que la survie d'un média n'est pas facile à nos jours en Chine, néanmoins, me trouvant en face des médias, je préfère résister au mythe de la célébrité. Ce serait dommage de ne se battre que pour interviewer Binoche pendant un minimum de minutes en la prenant en photo, encore que son attitude pour la vie vaut plus que sa beauté physique.)
-... Je me suis tue et la journaliste a dit au revoir.


10 minutes plus tard elle a rappelé.

-Ce que vous avez proposé me semble intéressant, normalement nous ne faisons que les reportages sur les films, mais comme il y auraient bientôt les salles de cinémas artistiques (à Pékin!), je pense que l'on pourrait parler de ça avec les deux personnes dont vous avez parlées.
-
Très bien! Vous avez besoin de combien de temps?


Donc, vendus!
C'est peut-être ça un bon magazine. Qu'il écoute et réfléchisse et prenne les initiatives.

***

Je n'ai pas fini les appels et la patronne m'a appelée. Delphine tu peux pas prendre une photo du haut là, en plongée, pour mettre tout le monde dedans... tu me la passe tout à l'heure?

Et puis les choses s'évoluent et j'ai eu ce clip hors du commun...










Pour infos pour petite détente...

Rehearsal

"Rehearsal". Je crois que je ne connaissais pas le mot avant mon séjour à St Andrews. J'ai connu ce mot dans un charity singing qu'une doctorante espagnole m'avait invitée à y participer. J'ai curieusement beaucoup aimé ce mot sans savoir préciser davantage.

Ce charity singing était de joindre un choeur de l'église juste à côté de notre résidance et de chanter un samedi soir before the Easter Day. J'étais la seule chinoise et j'étais traitée comme une locale parmi d'autres, ce qui me faisait très plaisir. On me demandait si je lisais la partition musicale. Je disais que je lis un peu mais que je pouvais me débrouiller avec la musique, que je traduisais les parties importantes en partition chinoise.

Tout ce que je peux retenir durant la soirée, c'est que j'avais chanté en alto, non sans de la peine, les airs religieux en latin, et à la fin, "all you need is love" de Beatles modifié en une mélodie classique: très bizarre et tout le monde en riait. C'était à partir de ce moment-là que j'ai remarqué le zèle des britanniques pour les chants d'église, que j'ai admiré ces airs imprégnés de croyance et de bénédiction non de Dieu mais de la musique dans l'espace d'église.

Pourquoi j'écris tout cela? Ah, oui, c'est que l'on a trouvé un bref clip vidéo du rehearsal of Binoche's dance "In-I". Alors que l'on avait été informé que "pas de médias durant les rehearsals??". Passons.

Tant que ces 10 minutes sont déjà parues sur l'Internet, je crois que j'ai le droit de le partager:

http://video.sina.com.cn/ent/h/2009-04-03/011238448.shtml