29/01/2009

Au 5e Jour arrive le Dieu de la Fortune

Je me suis dite que je ne pourrais aller dormir avant 1hr ce soir, j'ai eu raison, il y a des booms sans cesse au tour de chez moi et ça vient de se calmer un peu tout à l'heure. Enormément de bruits, et j'ai bien l'impression que ce soit plus fort que le réveillon (大年夜) à grand fracas.

On n'a pas besoin de compter le jour pour savoir que nous sommes le 5ième jour de l'an chinois (chu wu/初五): jour où arrive le Dieu de la Fortune, ou Dieu de la richesse (cai-shen-ye/ 财神爷). Les éclats de pétards servent de reppel. Et si ce jour me semble être plus éclatant que le jour de l'An, c'est sans doute qu'à Shanghai, et surtout à Shanghai, et surtout surtout en cette période de crise, on se hâte d'inviter le Dieu de la Fortune à la maison, y faire un tour, afin de passer l'année à venir sain et sauf. Ce serait toujours à ce moment-là qu'on dit: la science c'est la science, la croyance c'est la croyance.




- petit video qui permet de découvrir les bruits pour accueillir le Dieu de la Fortune;
(pour faire ça, moi j'ai crié à la fenêtre du 21e étage. Ma foi)

28/01/2009

Entretien avec Yan Allegret

Je viens de lire cet entretien avec cet écrivain, homme de théâtre, marqué par la culture japonaise et qui pratique régulièrement l'Aïkido(合气道).

Il a parlé du mouvement, le soi et l'autre dans l'Aïkido comme dans le théâtre("l'Aïkido, c'est une manière de communier, le théâtre, c'est pareil"), l'art et le martial, l'être à la fois dans une chose et hors de cette chose, les mots, le silence, la respiration(l'inspiration la poésie, l'expiration la mort, toute simple), l'écriture, la mort, l'apaisement de la mort, la grâce, la traversée de la grâce au lieu de vivre celle-ci ("ceux qui vivent la grâce seraient les saints ou les fous"), les passages qui remplacent les créations, la révélation de l'humanité définie comme "sur la terre sous le ciel" selon le kojiqi (que j'ignore), le cheminement de la voie personnelle, etc.

Je vous invite tout simplement à le lire:

http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article1112

"Un Français à shanghai", une chanson "shan zhai"?

C'est grâce à aujourd'huilachine que j'ai découvert Un Français à Shanghai (paroles traduites en français en bas), clip réalisé par un groupe de chanteurs qui habitent Shanghai. Chanson de rue("jie-ge"/街歌) dirait-on, et qui, si ce groupe allait en faire un CD, aurait pour effet "Hélène, je m'appelle Hélène..." qui surgirait de différents coins de la ville. Ils sont si bien shanghaiennisés, à mes yeux. Je veux dire qu'ils ont bien remarqué les courants du moment dans cette ville.

Leur chanson, dont l'air est celui de Sting, Englishman in New York (je m'épargne pour en faire un lien vers Youtube, qui m'a dit que "this video is not available in your country": tant pis; mais c'est peut-être avaible en Europe ou aux E-U), me rappelle dans un premier temps la "culture Shan Zhai" , maintes fois évoquée par les medias lors des compte-rendu de l'année 2008: "shan zhai"(山寨), camp de la montagne, notion qui doit son origine dans Au bord de l'eau, l'un des 4 classiques littéraires chinois, où les héros populaires et réactionnaires se réunissent dans la montagne et organisent un petit monde en opposition avec la Cour d'alors.

"Shan Zhai" au sens de 2008, est devenu un nouveau éphitète qui désigne les produits qui reproduisent les produits de qualité, avec la même apparence et une qualité secondaire. Les produits Shan-Zhai, en commencement avec les mobiles et les produits de IT, ont bien gagné le marché intérieur, avec notamment leur argumentation comme: Consommateurs, nous avons bien pris en compte de votre besoin pour vous proposer les produits avec de bonnes marques(min pai); concernant le prix, nous vous avons tolérés, voyons, c'est pas cher et est à votre portée, alors concernant la qualité, veuillez nous tolerer de votre part.

Cette culture populaire (vraiment populaire) de "Shan Zhai"s'est étendue dans tous les domaines, dont l'audio-visuel. Vous connaissez forcément le fameux Chun Wan, spectacle CCTV au réveillon de la Fête du Printemps (sur ce, je constate que sa qualité s'est bien améliorée pour cette année et qu'il y a eu de bons numéros), et l'année dernière, je crois, il y a eu le premier "Shan Zhai Chun Wan", le Chun Wan populaire organisé par les gens ordinaires et diffusé sur l'Internet, considéré alors comme un défi lancé à CCTV. Quel que soit la qualité, ça a été bien encourageant, et cette année, on trouve toutes sortes de spectacles qui se nomment Shan Zhai Chun Wan.

Il y a eu bien des débats sur "la culture de Shan Zhai". En général, les Pour déclarent être contents de ce phénomène parce que c'est très bien de vouloir s'exprimer et d'avoir le courage de se défier des autorités; que l'état de chaos précède nécessairement l'état ordonné. Les Contre se préoccupent du problème du plagiat : déjà en Chine, on a tellement de mal pour distinguer le vrai du faux, l'honnêteté de la tromperie sincère; de vouloir copier, reproduire les choses de manière systématique, ce qui est en plus encouragé par le marché, c'est inquiétant, ça nuit à la créativité et au développement durable d'une société, sur le plan idéologique.

Les deux parties ont raison. Moi, je suis penchée sur le Contre. Que les produits Shan Zhai trouvent leur part de marché et fait profit comme leur produits prototypes, c'est passable, les grand Groupes délocalisés en Chine n'auraient pas tant d'énergie pour faire le procès contre la majorité pour réclamer leur droit de Marque; de l'autre côté, acheter volontairement un faux produit consommable , ce serait le choix perso des consommateurs. Quant à se prétendre lancer le défi aux autorités avec une étiquette de Shan Zhai, c'est à discuter. Je crois qu'en quelques sortes, les premiers Shan Zhai courageux sont en train de devenir les modèles que suivent les Shan Zhai venant nombreux: l'histoire d'imitation et de tendances, ce qui revient plus simple que son grain original. Citons alors Bai Yansong qui a animé le Chun Wan 2009 et que vous auriez vu dans l'interview de LI Huan : "Pas aussi sérieux que ça/mei na me yan su!" le Shan Zhai, devenu une culture populaire, n'incarne pas forcément un sens de révolte, mais resterait, comme l'appellent souvent les Shanghaiens, une drôlerie apparente/xue-tou噱头 qui fait couler le capital ou qui devient simplement un terme de pub pour attirer le public.

Si je suis plutôt contre, c'est notamment parce que je me vois liée davantage aux Arts et cultures. Un chinois qui habite Paris et qui court de temps en temps aux marché de l'art partout dans le monde rappelle, l'autre jour dans la discussion sur une exposition des peintures chinoises, que la création d'une oeuvre d'art, c'est celle qui ne peut être reproduite, et que la reproduction de toutes sortes de cette oeuvre provoquerait la dégradation de sa valeur. Mais alors, une oeuvre Shan Zhai pourrait juste être née de la reproduction, ou, mieux, de la ré-organisation des éléments composants au sein du même modèle de forge: disons que c'est plus une réaction physique qu'une réaction chimique.

La production du genre Shan Zhai, prenons les spectacles sur l'antenne shanghaien Arts et Humanités(Yi Shu Ren Wen) qui jouent délibérément sur l'effet lumière, l'effet virtuel-hyperréel, l'effet désynchronisation corps-voix(histoire de la représentation fausée des chanteurs), l'effet tradition modernisée, tous étant plus ou moins inspirés de la mise-en-scène de la cérémonie d'ouvertur des JO et qui semblent avoir dépassé celle-ci, ces spectacles relèvent-ils de la création? Oui, diront les médias locaux qui préconisent le soutien pour l'originalité de la création; Non, dirai moi, parce que la création, pour moi, est qch de chimique... Enfin, je ne suis pas expert de la sorte et je ne sais en juger.

Revenons à "Un Français à Shanghai", après ce longgg bavardage sur la culture "Shan Zhai". J'ai bien l'impression que c'est une chanson Shan Zhai, version shanghaienne du New York de l'englishman Sting. Et pourtant, c'est plus que ça, cette recomposition intermusicale. Ce qui fait notamment exception, ce sont les langues incarnée dans les paroles, trois langues qui règnent aujourd'hui sur Shanghai: Le chinois, l'anglais qui réincarne Sting, et le dialect shanghaien.Métisse.

C'est tellement drôle d'entendre chanter en shanghaien par les laowai(qu'appellent les Chinois les étrangers arrivant en Chine; mais il y a aussi les Chinois arrivant en Europe qui appellent toujours les européens laowai). D'après ce que je sais, il y a rarement de nouveaux-shanghaiens chinois, arrivant des autres villes chinoises, qui ont tenté de chanter en shanghaien. Eux apprennent le shanghaien pour bien faire rouler le business, ça oui, comme d'ailleurs un bon nombre de gens qui apprennent une langue étrangère pour fin pragmatique; mais pour chanter, c'est plus rare.

Le dialect shanghaien ne serait pas plus dur à apprendre que le madarin pour les laowai, à mon sens. C'est une langue dont le système phonétique croise celui de plusieurs autres langues, anglais, français, japonais, italien...Dans le shanghaien disons typique, on peut entendre par exemple le son nasal, qui serait l'une des marques de la langue française. Le chanteur du groupe Lions of Puxi (Puxi: désigne l'ouest du fleuve Huangpu, partie où il y a plus de vie shanghaienne, par rapport à l'autre rive, Pudong, jadis zone rurale qui marque aujourd'hui l'essor financier de la Chine, avec ses plusieurs zones du développement financier, technique de pointe, etc. C'est à Puxi qu'on vit bien, c'est au rive du côté de Pudong qu'on a une meilleure vue sur Shanghai...enfin, c'est avis personnel.) s'en sort en effet très bien pour chanter le shanghaien, dans une li-long(lane) de Shanghai et avec un gamin à son côté, malgré son petit égarement vers le chinois mandarin. Il s'est fait ainsi comprendre et il aurait plu et les Français et les Shanghaiens, en plus des show touristiques qui résume a French Shanghai, dans une jolie teinte qui transforme la grisaille de Shanghai en les métaux estompés: ça mériterait que le groupe aille chanter dans l' Art and Performance Center de la zone de l'Expo 2010.

En même temps, je dois dire que ce qui me plaît le plus dans ce clip, d'un côté, c'est le petit spectacle que donne le groupe au bord du fleuve-- l'art de la rue que j'ai admiré en été dernier que je n'oublierai jamais, lors des jeudis de Perpignan, festival où l'on va dans la rue le jeudi soir pour apprécier les scènes théâtrales, les danses flamingo, argentino ou catalanes, pour se relaxer, danser avec les musiques de toutes sortes: jazz, fanfare, batterie, rap, blues, rock, folkore... un spectacle de l'art de la rue, ça exige à la foi le dynamisme, la maitrise de l'instrument ou du corps, et la capacité d'improvisation, de communication avec le public. C'est de loin plus intéressant que les numéros arrangés.

De l'autre côté, entre les deux vocales dans la chanson, je préfère quand même la voix de celui qui chante Sting en anglais. Ce n'est pas nouveau, certes, mais c'est plus qu'amusant; ça touche, cette voix jazzy et soul qui erre mais qui ne manque pas de vigueur, qui diffère aussi de la voix même de Sting, imprégnée d'une humidité nostalgique mêlé de solitude. Sans parler des yeux derrière les lunettes de ce chanteur soul, qui me rappelle d'un ami marqué de franchise et de sérénité, alors chargé des missions de délocalisation à Nankin.

Ce mixte linguistique et musicale relève donc d'une sorte de recomposition et reprise de Sting, comme le dit bien l'article d' Aujourdhuilachine. Une reprise en marge de la reproduction et qui se distingue du plagiat, c'est donc...disons la ré-création?

Ah ya ya, c'est le règle d'or de notre société d'amusement. Quel mot exact.



Pour en savoir plus:

-blog de Lions of Puxi: "Récit d'une Chine que le Timonier ne reconnaitrait pas..." (cliquez ICI)
- Paroles(ang) de Englishman in New York de Sting (cliquez ICI)


-Paroles Un Français à Shanghai, traduites du chinois en français:


(En mandrin)
je ne bois pas de thé mais je bois du café,
ce que j'aime manger c'est du pain.
tu peux entendre mon accent (lorsque) je parle,
je suis Français à Shanghai.

Tu peux voir que je marche sur la Huai Hai Lu (note: ça fait partie de l'ancienne concession française)
Ce que je porte sur mon dos, c'est la guitare;
je la porte toujours en marchant,
je suis Français à Shanghai.

(Refrain) Oh.. Je suis laowai, je suis bien un laowai;
je suis Français à Shanghai.
Oh..Je suis laowai, je suis bien un laowai
je suis Français à Shanghai. ("wo-shi-shang-hai-de-fa-guo-ren")


(En Shanghaien)
Je parle shanghaien, (je le) parle très bien,
je t'appellerai (ce) soir
Je te raconte maintenant une histoire française
je suis Français à Shanghai ("wo-zi- zân-r/h
ê-fa-'guo-nin")

(Refrain)

(En anglais, extrait du "Englishman in New York")
Modesty, propriety can lead to notoriety
You could end up as the only one
Gentleness, sobriety are rare in this society
At night a candle's brighter than the sun
...

(Rap, en chinois mandarin, extrait de qq paroles des chansons populaires chinoises)
je ????, dit que je suis champagne,
(je) veux te (le) donne, comme si c'était mon coeur,
tu t'approches de plus en plus, il y a deux voix:
je dois être là, je ne dois pas être là;
celui qui t'aime le plus c'est moi, comment tu peux me laisser de bon gré le cafard
celui qui t'aime le plus c'est moi, comment tu peux me laisser de bon gré le cafard
Au moment où j'ai le plus besoin de vous, vous avez filé sans un mot.

(En anglais, réf Sting)
Takes more than combat gear to make a man
Takes more than a license for a gun
Confront your enemies, or shoot them when you can (Cf. Sting: avoid them when you can)
A gentleman will walk but never run


If, "Manners maketh man" as someone said
Then he's the hero of the day
It takes a man to suffer ignorance and smile
Be yourself, no matter what they say

Come on be yourself, no matter what they say
Just be yourself, no matter what they say


(Refrain)

27/01/2009

Méduse


Source,
qui éincelle au claire
des feux d'artifice.

Ceci n'est pas la mer;
fulgure en vert,
l'éphémère.

Ou, pétrifié,
l'éternel.



(Photo prise devant la fenêtre, à 00:05 du jour de l'an chinois 2009)


Ah, l'appareil-photo, c'est bien lui le regard de Méduse. De saisir.
L'idée est venue comme ça. Je découvre, parallèlement que les feux d'artifice qui se figurent tels quels, Méduse, la seule mortelle des trois Gorgones, puis l'un de ses fils jumeaux, Pégase, né "du sang coulant de la tête tranchée de Méduse", "incarnant la vie jaillissant de la mort".


Pour en savoir plus, consultez:

- la page sur Méduse (cliquez ICI)
- la page sur Pégase (cliquez ICI)

26/01/2009

La fibre

La fibre dorée, celle d'inspiration,
c'est du dehors;
...
Le dehors,
c'est Nankin.


--photographiée dans le train, le 25 janv 2009


"A Nankin!! Réveillez, réveillez!!" un agent de train hurle à l'autre bout de la voiture.
La voix a été brutale. Je me précipite pour me lever, regarder vainement le noir en dehors, tandis que la fenêtre reflète moi-même.

J'ai donc passé le pont du Fleuve bleu dans le sommeil. J'ai donc regagné Nankin que je n'ai encore pas pu visiter, à 5H57 le bon matin, au bout de 2 ans et demi du départ de cette ville même.

M'ont atteinte les coups au coeur, ces derniers étant d'autant plus forts qu'ils m'ont été complètement inattendus, et inconnus; moi qui me crois pouvoir désormais résister tant bien que mal au spleen et à la nostalgie.

Sans doute que ce qu'une ville nous donne et nous marque dans la vie compte beaucoup plus que ce que l'on puisse imaginer.


(la vaine marque-ville)

23/01/2009

Je repars

(Marque-pages, dans une boutique de Nan Luo Gu Xiang, Pékin)


Demain bon matin, le train va rouler slowly vers shanghai. 28 heures de route. Cette fois-ci je suis placée, heuresement. Siège mou. Je ne peux finalement pas en passer, cette tradition de retourner chez soi pour la fête. Deux ans que je ne l'ai pas fêtée.

Dans une dixaine de jours, je repars à Pékin avec ma grosses valise et y reste pour au moins une demie année, je travaillerai pour le Festival du cinéma français et le Croisement culturel. Ca m'enchante, ce CDD que je décide de prendre comme le début d'une petite aventure. C'est comme si je retrouvais la vie Mundus dans laquelle on déménage tous les six mois et qu'on apprend et on vit pleines de choses. Ce deviendrait une habitude terrible d'aimer partir comme ça.

Ma cousine à Shanghai irait me dire: mais qu'est-ce que tu fabriques, et avec cette vitesse en plus?! tu veux aller à Pékin et tu y vas comme ça, tu veux y travailler et te voilà partante. Qu'attends-tu prochainement?

Oh... je ne sais aucunement ce qu'il m'attend devant moi. Pékin, cette ville que je rêvais de séjourner quand j'avais 17 ans m'attire comme autrefois. Ce n'est pas parce que Shanghai me déplait que je la quitte, et ce pour je ne sais combien de temps: 6 mois, ou 1-2 ans, ou davantage. J'aime Shanghai, y compris son bien et son mal, ses charmes et ses travers, malgré la malaise qu'elle me fait ressentir, et le sentiment d'étrangeté devant les vicissitudes de ma ville natale: une ville métissée, qui m'a profondément marquée, au final. Je la quitte parce que rien de plus pour le moment ne m'y retiendrait: Pavillon France a dit non au dernier moment pour les missions éditoriales, à cause du problème des budgets (et c'est de là que j'ai compris ce que c'est qu'une crise mondiale...), ce qui est très dommage car c'aurait été l'un des boulots qui me conviendraient et qui me plairaient le mieux; un projet de conférences que j'ai inventé avec un homme de théâtre est encouragé, encouragé mais c'est resté encore au stade du plan général; la meilleure amie du lycée a démissionné de son emploi à Hangzhou, malgré l'idée des autres, toujours l'histoire de la crise, pour se laisser flotter ou s'enfermer, concevant son rêve d'ouvrir une librairie probablement avec son nouveau copain taiwanais, ce ne serait sans doute pas à Shanghai qu'on se croiserait; quant à mon père, enfin, il vit bien et vivrait mieux sans moi, je crois. Moi qui pèse, forcément.

D'autant que tout le monde, profs, attachés culturels, journalistes, artistes, éditeurs, libraires, critiques d'art...vraiment tout le monde, de Paris à Shanghai, à Pékin en passant, dit que Pékin serait plus sympa pour la culture. Un lettré shanghaien me dit même que l'on est plus libre à Pékin qu'à Shanghai: curieux. Ah justement, c'est là que je regrette un peu: c'est un prof-ami de plus que j'ai connu par hasard grâce au cinéma, lui qui anime une émission radiophonique pour présenter les bons livres, qui écrit sur les poèmes et les classiques, avec notamment ferveur pour les présocratiques. Cet ermite de grande ville, comme plusieurs de ses amis, lui me dit, viens prochainement quand il y a un bon théâtre au centre dramatique qui n'est pas toujours superbe, viens que je t'emmène chez cet écrivain-ci, chez ce traducteur-là, viens prochaine fois parler à la radio... Fascinant, le moindre de tout cela. J'aurais tant aimé découvrir le monde des lettrés shanghaiens et les écouter, regarder. Mais cela se fera probablement, et uniquement avec du temps et du coeur.

Ce n'est pas en une seule journée que j'ai pensé à Pékin. Maintenant que la porte s'ouvre pour que j'y entre, je n'en refuse pas. Les responsables ont dit ravis de ma décision, et moi, j'en suis ravie aussi, ouf, le gagnant-gagnant est bien possible. Suis partante.



(Légende: sur le post-it blanc: "抢劫不如去炒股! / A piller une banque on préfère spéculer à la Bourse!"
En bas: "梦想家=梦 · 想家/ Dreamer=Dream · ache for home"
Réalisée dans la boutique
种田/cultiver la terre de Nan Luo Gu Xiang, Pékin)

20/01/2009

The Southern Church, Pékin


(Croix)

L'autre jour, après le dîner avec un ancien camarade devenu rédacteur à l'agence Xinhua, je me suis balladée un peu dans leur quartier, avec un couple d'amis universitaires, et je suis tombée sur The Southern Church, l'église catholique la plus ancienne de Pékin, fondée par Père Ricci au XVIIe Siècle.

*
( Panneau) (Façade)

La messe du soir était en cours. C'était beaucoup mieux organisé par rapport à la messe à la fameuse Eglise catholique de Xu hui à Shanghai, beaucoup moins terrible au niveau de la musique et de l'ambiance en général. A Shanghai, lors de la messe de Noel, que j'ai découverte en passant, j'allais presque dire pitié pour les pratiquants: c'était alors bruyant comme un marché couvert. Les gens faisaient des va-et-vient en accompagnement du chant choral, les croyants faisaient une longue queue en se discutant un peu devant la petite porte de confession pour se faire écouter. C'était, comment dire, assez drôle.

A Pékin, dans cette cathédrale, l'air a l'air plus en paix, et la sereineté se lit davantage sur le visage des gens aussi bien que dans leur regard.


(les pts jésus en flou) (calinerie-adorazione)

Tous trois étaient contents de cette visite inattendue. Je m'occupais des photos et d'un petit vidéo que je ne parviens pas à télécharger sur mon site, tellement que je ne voyais plus mes amis à la fin dans le hall qui se vide. Je suis bien désolée pour ce petit accident à cause de mon zèle de trop pour l' église, et j'ai compris que mon habitude de tours d'églises que j'ai eu en Europe ne changerait peut-être pas.

Je sais qu'il serait inconvenable de comparer les églises et les messes de part un point de vue esthétique, que l'église est lieu de vénération moins pour le tourisme que pour la religion, et que les croyants ne rompront pas avec Dieu parce que l'église n'est pas aussi belle que celle des italiens et que le chant n'est pas aussi harmonieux que celui des choeurs anglo-saxon; mais la vision m'emmène malgré moi, dans la luce interna d'une église bergamasque, là où j'ai eu le souvenir de la plus belle messe que j'ai jamais vue: lumières dorées et chant céleste.




(Pours les photos en plus: cliquez ICI)

公德/Gong De, La morale publique

« Somme toute, la vraie question devient : qui n'est pas moraliste ? »

J'ai découvert cette phrase comme status d'un ami lointain sur Facebook. Si vous vous souvenez du jeu d'extrait au sort dont j'ai parlé, voilà sa réponse à lui, et j'ai bien cru que, tout comme ma phrase me l'a faite, cette phrase l'a marqué, ce jeune doctorant français spécialisé en lettres du XVIII Siècle.

Cette phrase a surgi dans ma tête lorsque je vois deux personnes se disputer dans le métro de Pékin. Non, ce n'est plutôt pas une dispute, c'est l'une qui crie fort en jettant les mots, l'autre qui réplique en se défendant.

L'une est femme d'accent cantonais, correctement habillée. Lorsque le train arrive au quai, elle se serait présentée rude pour monter sans attendre dans la queue, la fameuse queue du métro de Pékin qui m'a bien impressionnée ; l'autre est homme d'accent pékinois, dans un uniforme de police, portant les lunettes de soleil. Il aurait poussé cette femme pour lui empêcher de sauter la queue, et l'aurait ainsi énervée.

...

F : Mais tu me pousses, hein ! Agent de police...agent de police peut donc frapper les gens ?!

H : Ah, les autres font la queue, toi ne la fais pas, et tu as encore raison ?

F : Quoi donc ? Tu es agent de police et tu me frappes, tu te gonfles parce que t'es agent de police, hein ? Et avec les lunettes, qui effrayes-tu ?! ...Toi, un grand homme qui maltraite une femme, tu peux être considéré comme homme, toi ?!

H : Hé alors, comment ça se fait que t'as tellement de paroles ? Il y a quelqu'un d'autre qui est comme toi ? Impudente !... Tu ne veux pas ta face !

F : Ah, tu insultes encore, moi je vais te faire une photo, j'irai réclamer ! (sort son mobile muni du mini appareil-photo) Viens, enlève tes lunettes ! (fait la photo)

(voix-off d'une femme d'accent pékinois : Ca suffit ! Qu'est-ce qu'on fabrique...(C'est le) lieu public !

(la copine de cette femme : Ca y est, bon homme ne lutte pas contre les femmes...(un proverbe)

F : Plutôt bonne femme ne lutte pas contre les hommes ! (elle a fini sa photo. L'homme ne la regarde plus.)

H : Avec point de consience de la morale publique...Quelle qualité (, cette femme) !

La querelle se termine, ce n'est qu'après la descente de la femme que l'agent de police a repris sa parole en se plaignant un peu : « Sacré femme, comment il peut y avoir ce genre de personnes ? Les autres font la queue, elle ne l'a fait pas et elle en a encore pleine de raison ?! Moi je vais à une mission et je ne veux pas me faire des ennuies, quoi. Et pourtant elle n'en finit pas... » Un homme à côté lui répond en disant qu'il ne faut pas prendre au sérieux avec ce genre de personne, qui n'a pas la qualité/su zhi, et qu'on n'en peut rien : « Gong dao zi zai ren xin(un proverbe)/ (malgré tout,) la justice est toujours dans le coeur des gens ».

La voiture regagne le silence.

Durant toute la querelle, une sorte de tension règne chez les gens d'alentour. Ce serait bien l'uniforme de police qui rend sensible les choses. Dans cette même scène, une mère près de moi allait dire à l'agent de police de se calmer, tandis que sa fille lui a couvert la bouche par la main : c'est à ma surprise. Je sais que l'uniforme de police symbolise le pouvoir d'Etat, mais pas tant que ça, si ? Celui qui porte cet uniforme, où qu'il se rend et quelle que soit sa motivation, représente le pouvoir d'Etat ? Me semble que ce n'est pas très judicieux de suivre cette logique.

Sans parler de cette bonne femme du Sud, insouciante pour les uns, courageuse pour les autres et simplement rude à mes yeux. On dit que sa région cantonaise est plus libre et plus agitée, on proteste plus facilement contre les autorités comme on sort plus facilement un couteau. C'est bien, la volonté de s'exprimer, mais ne faut-il pas quand même prendre des mesures ? Un agent de police doit faire attention de lui-même lorsqu'il porte son uniforme qui symbolise le pouvoir d'Etat, certes, mais serait-il obligé de porter ce caractère du métier, même lorsqu'il prend le métro ? Imaginons  si cette femme prennait au sérieux pour aller se réclamer chez je ne sais quel média, (mais elle écrira forcément cette histoire dans son blog si elle en possède un) en pesant ses mots, l'histoire d'un homme qui empêche spontanément une femme qui saute la queue se transformerait bel et bien en scandale public : agent de police pékinois qui insulte une femme citoyenne dans un métro. Oh la la, ça inviterait à protester contre les autorités policières.

Pourquoi donc, une simple uniforme peut remplaçer voire annuler une personne toute ordinaire ? L'uniforme, ça couvre toute son identité ?

Je crois bien que l'essentiel ici n'est pas ce que la femme doit suivre ou non la queue pour monter dans le métro, mais qu'elle cible dans un premier temps à l'identité d'agent de police de cet homme. C'est donc par ce moyen qu'on réclame la souveraineté du peuple ?

Un avocat de Pékin avec qui j'ai eu l'occasion de parler, par pur hasard et ce avec grand plaisir, a exprimé sa vision sur la société chinoise qu'il connait bien en disant qu'il ne faut vraiment pas s'empresser pour accéder à la démocratie totale, qu'il faut du temps pour que les choses s'évoluent doucement. Ce dit n'est pas nouveau, vous le savez bien, et moi j'en suis bien d'accord. La démocratie totale tiendrait-elle si l'on aime toujours s'accuser l'un contre l'autre, vite et efficace, avec un bon cible, un groupe qui soutient, bien des passions et peu de réflex-ion ?

Quant à la morale publique, je ne peux en juger. L'agent de police, ce bon citoyen pékinois qui critique spontanément le comportement de la femme avec son coup de poussée, un geste de trop, me semble-il, aurait dû se taire en laissant cette dernière jeter les mots dans l'air toute seule, peut-être. Comme donc la majorité silencieuse ?

Et puis, c'est amusant d'entendre les pékinois évoquer aussi souvent ce terme de la morale publique. Faire la queue, à mon sens, est moins l'histoire de la morale publique, autrement dit face d'une ville, que celle du mérite personnel, autrement dit qualité d'une société. On fait naturellement la queue au platform pour accéder au métro, quand il y a du monde, comme on fait la queue pour prendre une baguette à 17h30. N'est-ce pas?


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Lecture étendue:

Philippe Sollers: "la connerie se porte bien."

Un article que j'ai bien aimé, sur la littérature et la lecture, etc.En voici quelques extraits:

- Jamais l'expression "mourir de rire" n'a été aussi d'actualité, évidemment, c'est tragique.

- Pour savoir écrire, il faut savoir lire, et pour savoir lire, il faut savoir vivre.

- Le concept de responsabilité m'est totalement étranger. Un écrivain, contrairement à ce qu'on lui répète tous les jours, n'a pas à se préoccuper du bien ou du mal en cours. Il décrit, il montre, et il pense. C'est très suffisant.

- Faites confiance aux mots, vous verrez comme votre vie en sera transformée.

15/01/2009

Chun Yun= Voyage de Printemps?



春 运。Chun yun= transport/voyage de Printemps = voyage durant la période de la Fête du Printemps, c'est-à-dire le Nouvel An Chinois = voyage durant la période de pointe de la Fête du Printemps, c'est-à-dire le Nouvel An Chinois.


Les gens savent que c'est une erreur de se décider de voyager à l'approche du Nouvel an chinois parce qu'il y aura énormement de gens en route, les gens savent aussi que ce serait difficile de ne pas commettre cette erreur parce que c'est la fête du Printemps et qu'il faut que l'on rentre. Les gens s'empressent alors de calculer la première date réservable, tant que le ticket ne s'achète qu'en dix jours avant le départ, y compris le jour du départ. Décidément, c'est le premier des dix jours qu'il faut aller arracher le ticket derrière une queue infinie devant une petite fenêtre, quand on voyage par le train. Et si le train ne marche pas, pas question d'hésiter : à commuter immédiatement au vol, à l'autoroute. Quoi d'autres ?


C'est que si l'on improvise, ou se lasse, soit on laisse annoncer « Non, il n'y en a plus pour celui-ci. », « Il n'y en a plus pour celui-là non plus. » « Encore pire pour celui-là-là. » ; soit, comme moi qui suis allée chercher un ticket de train huit jours avant le départ, on devient non placé en s'obligeant de payer un ticket sans siège, puis on se débrouillera d'une manière ou d'une autre : continuer à improviser pour se procurer un tabouret pliant, chercher pour soi un espace vacant parmi les sièges les jambes et les valises, souhaiter de tomber sur un voisin assis qui descend très prochainement ou sur un siège vierge acheté vainement par un Huang Niu (c'est-à-dire un Boeuf jaune : revendeurs des tickets) qui a raté l'un de ses commerces, payer trois fois de plus à l'abord du train pour aller dormir à travers la nuit sur une couchette molle. Ce dernier moyen est à vivement déconseiller personnellement et à vivement conseiller politiquement durant cette période de Crise : que tout le monde cherche un peu plus le bien-être, et l'Etat se (re)dynamisera très vite.


Waou. Voyage de 14 heures sans siège(Mais non, « non placé » plutôt. ). On irait me demander, t'en as l'habitude ? c'est tellement différent. De quoi ? De l'Europe. Ah. Les premiers jours de mon retour à Shanghai, lorsque j'étais prise de sternutation et que je souffrais de nouveau de l'allergie qui m'avait point dérangée en Europe, j'ai jugé l'air de Shanghai trop pollué, et j'ai compris que l'air d'ici et l'air d'ailleurs sont liés partout dans le monde, mais quand même, il y a la différence. Mais dire de là que je ne m'habituerai pas à l'air de Shanghai ? Sauf si je ne respire plus.


             .



Et là, dans le wagon peuplé, je sens aussi la différence par rapport à l'Europe. Je sens la différence parce que je me souviens tout d'un coup des trains européens que j'ai connu, de différentes sortes : le Paris-Perpignan qui frôle la Méditerranée en traversant Sète la villette onirique, le Perpignan-Cerbère qui emmènent aux villages maritimes, dont Collioure lieu d'inspiration et de détente, dans les trains luxueusement conçus pour les vacanciers parisiens ; le Milano-Paris au pied des Alps, s'arrêtant une demi-heure à la station d'un village inconnu pour l'examen des documents de voyage, le Montpellier-Barcelone qui envoie trois équipes d'agents pour vérifier les passeport et les Visa ; i treni regionali italiani qui sont pour la plupart du temps en retard et puis sobiamo spiacenti(Nous sommes désolés, ... »), les trains anglais qui se diversifient en formes et en tarif, du plus dégueulasse au plus classe ; enfin, les trains français qui permet autant de confort dans la première classe comme dans la seconde classe, mais pas forcément dans la voiture-lit de Corail-Lunéa où l'on se serre sur une couchette étroite dans un compartiment aussi serré. Mais la conception des sièges inclinables est formida
ble, ces gros sièges comme ceux dans une clinique dentiste. Cette invention économique entre le siège et la couchette dans les train de nuit permet de tout faire : lire, dormir, regarder à l'extérieur, grignoter, ne rien faire, ou encore faire un peu d'exercice sans se déplacer.


Bien sûr, je ne peux envisager que la Chine commande des trains munis des voitures de ce genre. Ni puis-je imaginer que ces gens autour de moi puissent s'arrêter une minute leur causerie pour keep silent dans une telle voiture. Non. Il y a des choses qu'il faut accepter comme ça. Et l'habitude, c'est bien une question du temps et de la volonté. Quand je dis, oui, j'ai l'habitude des trains pleins de monde dans lequel je me trouve non-placé, c'est que j'accueille ce fait, comme un fait, quoi, même si ça m'est assez peu arrivé, finalement. La répétition n'est pas cause unique de l'habitude. La dernière expérience sans siège, et aussi la pire, la plus violente, c'était la seconde moitié du Chun Yun de 2004. C'était le train vert Xi'An-Shanghai, le primitif dirait-on, qui voyageait alors à peu près trente heures dans les premiers jours après le jour de l'an chinois. Je frissonais sur le plat-form en regardant de nombreux travailleurs-migrants crier, tous excités, en courrant vers les accès du train, les gros sac en haut de la tête. J'avais un ticket sans siège mais quand on me poussa pour que je trouvasse un coin pour m'installer, je suis tombée sur un siège occupé par personne. J'étais donc bien tranquille au milieu d'un groupe de migrants qui allaient recommencer leur travail, qui rigolaient à haute voix et mangeaient tout le temps. Les migrants rentrent et je pars, eux repartent et je rentre. C'est drôle.


C'est mieux quand même, cette fois dans le train Shanghai-Pékin, en provenance de l'Expo 2010 à venir à la destination des JO bien réussis. Les serveuses parlent toujours entre elles en dialect shanghaien mais sont bien formées lorsqu'elles donnent des services. Les passagers aiment comparer les deux villes : les bâtiments urbains, les prix de l'appartement et de la vie, les lignes du métro, les prix du transport, les universités, les boulots, les dialects, les gourmandises locales, les climats, etc. Tout sauf les gens des deux villes, heureusement. C'est qu'on est tellement mélangé aujourd'hui, malgré le hu-kou qui nous identifie administrativent et démographiquement.

Cette fois, on n'a pas besoin de chercher où mettre les pieds : sur le bord des sièges, dans l'espace minimum de deux cuisses, sur un gros sac, etc. Les pieds ont bien touché le sol et se placent bien par terre.



           


(Gauche: Féminin, effet du flou. Droite: et masculin)


Jeu de l'extrait au sort

Il y a quelques temps, sur Facebook se circule un jeu d'extrait bien intéressant. Il faudra faire un extrait en tant que l'attribut du status de chacun, suivant les règles ci-dessous:

* Attrapez le livre le plus près de vous. Maintenant.
* Allez à la page 56.
* Trouvez la 5e phrase.
* Écrivez cette phrase dans votre statut.
* Copiez ces instructions en commentaire à votre phrase.
* Ne cherchez pas votre livre préféré ou le plus cool mais bien le plus proche

C'est un peu comme tirer au sort, et voici mon résultat:

Delphine is: je dis que c'est comme partout.

Le livre en question est l'Amant de Duras. En ce moment de l'extrait au sort, j'étais encore à Paris, contente de ce livre d'occasion que je me suis procurée à un prix chinois chez Amazon. Je me suis surprise en rendant compte que je n'ai pas trop aimé ce roman le plus connu de Duras. J'en ai lu les fragments en français, j'ai aimé, j'ai vu le film, j'ai bien aimé aussi. Mais en tant que roman, en plus roman duraissen, le cycle indien(si l'on confirme l'appellation du "cycle" chez Duras), dont le Vice-consul et le Ravissement de Lol V Stein, est de loin plus fort et plus saisissant que ce roman couronné et incroyablement populaire. Ce roman me rappelle ironiqument d'un propos de Duras qui a toujours été un peu ironique: "Ecrire, parfois, ce n'est autre chose que de se faire la publicité."(extrait par mémoire, dans l'Ecrire) Ce jugement conviendrait bien au cas de l'Amant qui ne me plaît pas trop dans sa globalité.

Mais cette phrase devient essentielle pour moi lorsque je l'ai extraitée en suivant l'indication. Malgré son contexte plutôt séduisant qu'érotique, cette phrase me serait bien utile et me servirait en beaucoup d'occasions: "je dis que c'est comme partout."

Parce que je crois que c'est la démystification des choses.

08/01/2009

Memoirs in China, ou Les maladies et les remèdes-(II)

En citons quelques-uns :

- CAO Ru-qi, lao ye ou le maître de famille pourri et autoritaire, ne s’occupe que de son grand pot dans lequel il jette les insects selon une recette secrète pour cuire la soupe de longévité, et s’irrite violemment lorsqu’il s’agit de l’amour adultère dont il a été le victime(et pourtant l’histoire adultère se répète comme une malédiction semée dans sa cour : le désir ayant été mis sur une place bien élevée). Il rit souvent, lui, mais sombre et épouvantable à provoquer les frissons. Et pourtant, il tolère curieusement l’existence de Er Duo, proche domestique dont l’identité véritable est dissimulée : enfant naturel (de la femme de Cao Ru-qi avec un domestique). De l’autre côté, il devient admirablement élolquent quand il le faut, en prenant plein usage des savoirs qu’il maîtrise, et ses tas de livres anciens en sont les preuves. Quoi d'autre, après avoir confié la grande famille au fils aîné, il a fini par bien aimer une jeune domestique qui a l’âge de son fils, se montrant alors d’un coeur simple et aimable.

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Er Duo(qui signifie l’oreille), proche domestique dont l’identité véritable est dissimulée : enfant naturel. Il n’est pas tué par lao ye parce qu’un prophète de la rue a dit à celui-ci que Er Duo est, les Cao est ; Er Duo meurt, les Cao s’écroule. Er Duo est sage, ingénu, fiable, gentil, fidèle, sait plaîre à son maître et s’entend bien avec plusieurs jeunes filles. C’est une personnalité quasi parfaite, dirait-on, sauf son voyeurisme et...le fait qu’il ne sait guère mentir. Ce dernir point a coûté du sang et a provoqué une fois après l’autre les drames : quand on ne demande pas, il ne sait rien ; quand on lui demande, il sait tout et raconte tout ce qu’il faut éviter de préciser pour la survie des autres : « Au fond, qu’est-ce que t’as vu de bon ? » « C’est qui la gozesse qui a séduit le domestique qui fume l’opium ? Dis ! C’est qui ?» « Qu’est-ce qu’ils ont, Er Shao Nainai (seconde belle-fille de lao ye) et M. Lucas ? Hein ? », puis finalement, « Pourquoi tu ne veux pas épouser la domestique de Er Shao Nainai, elle te plaît bien, non ? » (Mais non, il répond qu’au fond, c’est Er Shao Nai Nai qu’il aime réellement). Il sait écouter, Er Duo, mais il ne sait dire, ou qu’il sait trop dire.

- Er Shao Nainai (se
conde belle-fille de lao ye), Zheng Yunan, est une jeune fille belle, sympa et intelligente, éduquée à l’occidentale. Refusant au début le mariage arrangé, tout comme l’a fait son futur mari qui est au fait celui dont elle s’est éprise dans un train, elle se sent heureuse d’épouser un homme à qui elle a du sentiment. Ce n’est cependant pas le cas de son mari, qui ne peut faire l’amour avec elle (« Et pourquoi tu n’as toujours pas le rouge sur l’étoffe blanche que je t’ai passée ? », demanda la mère de son mari) parce qu’il aime trop sa mère, converti au bouddhisme, à cause du complexe d’Oeudipe ! (Ca aussi, je trouve ça drôlement transplanté). Comme le mari ne s’occupe que de l’usine des allumettes, autant qu’il peut, afin de fabriquer des allumettes made in China à l’aide des machines importées et de Lucas le technicien importé, qu’il se met à collaborer avec le groupe rebelle pour produire les boums, Yunan, longtemps laissée à côté, n’a pas pu résister à l’amour brûlant de ce Lucas tourmenté du dépaysement. Une nuit d’orage, les deux sont pris dans la passion, elle lui a offert son corps, et lui, un enfant des prunelles bleues. La vérité est révélée lorsque l’enfant est né, et au même moment, son père nominal, Guanghan, qui a finalement consenti à cet amour adultère, est condamné à mort. C’est sur cette plus belle femme(la seule qui est assise sur la photo de famille) de toute l’histoire que les tragédies se convergent: Lucas refuse de quitter la Chine malgré l’avertissement de Er Duo qui lui a signalé la fureur de lao ye qui irait le tuer, et s’est bien fait assassiner; l’enfant de yeux bleus a été kidnappé par Er Duo sous la commande de lao ye, mais est aussi sauvé par Er Duo parce qu' il l’a confié au prêtre chrétien de la ville. Yunan qui a cru que l’enfant est mort, qui a perdu à jamais et son mari et son amoureux, finit par sombrer dans la détresse, se pendre.

- Le mari de Yunan, Cao Guanghan, est le second fils de lao ye. Ayant terminé ses études en Europe et devenu égaliste radical, il a trop dépassé son époque, lui. Bourré des idées démocratiques, il se montre cool en imposant ses idées tout brut sans en avaler, trop droit et trop sûr de lui pour écouter les autres, sans parler de son tempérament de tonnerre qui s'éclate de temps en temps. Il revient, cheveux coupés, avec un projet d’invention des allumettes nationales. Son propre engagement étant un échec, c’est avec l’assistance de Yunan et de Lucas que les allumettes sont faites. La marque est nommée de son nom, et ça a provoqué absurdemment sa mort, en plus de sa tentative de bombe : Guanghan, glorifier les Han(donc c’est anti-Qing). On a voulu interpréter ainsi son prénom et le jeter dans la prison, lui servir la torture avant de lui couper la tête. C’est une figure naturellement tragique, du genre de bouc émissaire de la société, ou celui de petit christ qui souffre volontairement un pour tous, et sa plus grande mérite, je crois, n’est pas son esprit égaliste vis-à-vis des gens d’une hiérarchie inférieure d’alors(selon eux, leur Er Shao-ye Guanghan, le second petit-maître, n’est que « toujours un peu bizarre »), mais de dire oui devant l’amour entre Yunan qu’il a mise à-côté et Lucas son meilleur collègue : « tu es libre maintenant. », il dit à sa femme en le donnant la lettre de divorce(休书/xiu shu), que celle-là a eu tort de déchirer pour se laisser poursuivre par les tragédies.

Guanghan n’accepte pas la relation sexuelle à cause de son complexe, et c’est le cas contraire pour son frère aîné, Guangman(.ie : glorifier les Mandchou), qui a trop d’énergie, lui, pour épouser successivement quatre femmes. C’est de se suicider un peu en se créant les catastrophes au sein de la famille: à vivement en déconseiller. C’est que ces femmes du foyer d’ancien temps sont les plus compétentes pour se faire les rumeurs et les calculs afin de tirer l’attention de leur mari partagé, et parmi elles, c’est la femme nominale, la plus expériencée dirait-on, qui fait l’autorité en faisant des autres les complices de ses crimes moraux. Elle va provoquer la jalousie, puis elle va dire, va, fais en sorte que l’enfant dans le ventre de la quatième femme ne soit pas né. Et l’avortement sera tombé mystérieusement sur la pauvre femme enceinte : si c’était un fils, héritier et futur maître de la famille, la femme nominale perdrait sa place privilégiée auprès de son mari pour la laisser à la mère du nouveau-né. C’est comme ça la grande famille. Mais malheureusement, après ce petit succès de la femme malveillante, le mari va accueillir à la maison une cinquième femme, prostituée charmante et compréhensive, pour l’accouchement. Déjà.

Le fils est né, sain et sauf, mais les femmes ne lâchent pas. La cinquième femme toute gentille et indulgente voit alors de ses propres yeux la troisième femme commettre l’irrécupérable : celle-ci sourit en empoisonnant le petit dans ses bras avec une soupe, sa main tremblante divulgue néanmoins son involonté. La mère enragée va arracher son fils. C’est trop tard et le petit devient à jamais muet. Vivant, mais muet.

C’est à donner le froid à l’os, ce genre de trucage. On dit que c’est bien les relations humaines pendant la Révolution culturelle, une Histoire parmi d’autres de la Chine de cette période de cent ans, qui sont projetées sur les incidents interpersonnels dans cette série-télé. Cela va sans dire. La noiceur se sent et se répand, et c’est bien l’intention des concepteurs de cette immense oeuvre. Zhang Guoli, acteur reconnu et producteur de cette série-télé tournée par les moyens cinématographiques et qui a coûté 15 millon RMB, joue personnellement Cao Ru-qi le vieux pourri, en annonçant qu’ « il faut faire danser l’affreux(就是要让丑恶跳舞. Danser, voilà un verbe que je trouve très juste et qui relèverait d’un culte rituel. De visualiser à quel point le vieux est pourri, autrement dit d’agrandir le mal, serait en réalité une nécessité pour connaître et comprendre et le vieux et le mal. En est la remède.

S’agissant des remèdes, un canon médical est en effet évoqué plusieurs fois au fur et à mesure du déroulement des histoires. Il porte le titre Huang Di Nei Jing, ou Classique interne de l’empereur Jaune. Vous en auriez entendu parler, sans doute, car c’est dit l’un des trois classique-miracle de la civilisation chinoise, les deux autres étant Dao De Jing, ou Livre de la voie et de la vertu, et Yi Jing, ou Livre de la mutation dont j’ ai écrit il y a 2 ans carrément. Ce symbole culturel me semble être inséré de manière plus ou moins forcée, vu du scénario, mais y est incarné le sens profond qui préconise qu’il faut soigner de l’intérieur un corps malade : l’immanent. Et l’une des pensées essentielles de ce Classique est ceci: « Le saint ne soigne pas le déjà-malade, mais le pas-encore-malade ; ne soigne pas le trouble déjà provoqué, mais le trouble pas encore arrivé. /圣人不治已病, 治未病 ; 不治已乱, 治未乱.» : présager. Hé bien, n’est-ce pas le même principe que la judisprudence que Deleuze a vivement insisté ?


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Pour en savoir plus :

J’ai lu quelques paragraphes de ce classique médical sur l’Internet, en voici un extrait qui m’a bien intéressé et que je trouve très pragmatique. Si vous réussissiez tous à le pratiquer, les psychiatres partiraient en chomage.


Trop d’inquiétude, à soigner avec la colère / 思虑过度, 愤怒来治.

Trop d’effroi, à soigner avec l’inquiétude / 恐惧过度, 思虑来治.

Trop d’euphorie, à soigner avec l’effroi. / 大喜过望, 惊恐来治.

La tristesse et la mélancolie, la joie peut soigner. / 忧愁悲伤, 喜可以疗.

Trop de colère, à soigner avec la mélancolie. / 愤怒过度, 忧愁来治.


Postface:

- J’ai voulu au début vous montrer simplement ces lignes d’or du Huang Di Nei Jing que j’ai découvert grâce à Memoirs in China, mais c’est drôle, je finis par écrire abondamment pour introduire cette série-télé, qui mérite pourtant le temps que j’y ai consacré. Oups, on dirait que je fais Inverser l’essence et le bout, 本末倒置/ben-mo-dao-zhi...Mais qui sait lequel est l’essence et lequel est le bout, au final ?

-Notes sur les photos(source: www.sina.com.cn): à gauche, l'affiche pour la version anglaise; à droite, celle pour la version chinoise.Typiquement pragmatique dirait-on, et ce n'est pas sans raison...

07/01/2009

Memoirs in China, ou Les maladies et les remèdes

(Source photo/www.sina.com.cn)

Une série télé qui s’appelle Memoirs in China (Zhong Guo Wang Shi) est très populaire récemment et est diffusée trois épisodes/soirée à quatre antennes régionales pour la première tour. D’une dimension d’époée, elle est dite « le porte-avion de l’Histoire des séries-télévisées chinoises», wahou. Adapté d’un roman, écrit par LIU Heng et intitulé le Rêve éveillé de Cang He (Cang He est le nom de lieu), le scénario encadre ambitieusement l’Histoire de cent an de la Chine. C’est-à-dire de la fin XIXe (sous les Tsing) jusqu’à nos jours. Il faut dire que le sujet d’Histoire est l’un des plus traités dans les séries télévisées chinoises. On aime ra-conter l’Histoire (戏说xi-shuo : badiner) de tel ou tel Empereur ou de telle ou telle Cour tout en en tirant des leçons, car l’Histoire pourrait être considérée comme un miroir qui ré-fléchit le monde actuel : 以史为鉴, 可以知兴替(yi-shi-wei-jian : prendre l’Histoire comme un miroir, ainsi peut-on savoir la prospérité et le remplacement; le caractère signifie le miroir dans le mandarin classique, et expertiser ou différencier,discerner鉴别 dans le mandarin moderne), comme dit la maxime qui demeure une logique très typique et plutôt empirique de la Chine. Cette logique n’est pas sans raison, mais il me semble que l’Histoire se répète de temps à l’autre, tellement que le mot destin se met en avant pour convaincre.

Pourtant, dans Memoirs in China, l’Histoire n’est que la squelette et est construite à grand trait. L’ autre sujet concerne la vie de grande famille d’autre temps : aussi un sujet fréquent des séries-télés chinoises, et l’exemple typique en est le Rêve dans le Pavillon Rouge. Comme le résumé est consultable en ligne(chi), j’ai pris le temps pour lire tous les 42 épisodes de la première saison parmi les trois. En gros, c’est sur le déclin de deux grande familles, Cao et Zheng, dans le contexte historique du déclin des Qing. Les conflits dramatiques s’accumulent et se multiplent : entre la génération du vieux pourri et celle du diplômé européanisé, entre les hommes et les femmes qui se calculent et se dénoncent par jalousie ou par peur, entre la passion amoureuse et la pudeur morale, entre les mensonges, les divulgations et les mots vrais, entre le pouvoir Qing et une communauté anti-pouvoir, entre les répétitions du destin et les révoltes personnelles. L’ensemble est un remous teinté de noir.

J’ai compris alors que le bon sujet n’est ni l’Histoire ni la vie de grande famille mais celui de l’Homme, de la condition humaine contextualisée. C’est que l’intrigue n’est pas vraiment compliquée, c’est composé de plusieurs parties d’historiettes qui s’entrecroisent en s’interposant. En revanche, ce sont les figures principales qui se donnent chacun un portrait complexe qui ont plusieurs faces et qui ne se définit pas par des mots efficaces. A vrai dire, c’est ce genre de conception qui semble être plus honnête que de donner un ratatouille, qui pourtant ne manque pas de goût, des stéréotypes sympa, terrible, rusé, ou fidèle.


(A suivre)

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Pour en savoir plus:

-Site officiel de Memoirs in China (english/ 中文)
-Vidéo avant-première: ICI (troisième bloc à gauche, en chinois)
Un peu de traduction du début du vidéo, mêlé d'humour noir qui m'amuse bien:

H(crie, hystérique): Je veux pas écouter--! Bordel, tu fermes les yeux! Ferme--!
F(crie, pleure): Père--!
H: Ferme! (Père--!) Les prunelles bleues?!
F: Père, baissez un peu votre voix, il y a encore les domestiques à l'extérieur...
H: Les domestiques? Et alors, les domestiques? (T'as) peur que les domestqiues ne (nous) entendent, hein? Moi j'en n'ai pas peur, je les laisse écouter! Prunelles bleues--!! Que les ancêtres de CAO viennent nous écouter! Il est sorti un Diable chez Cao--!!

05/01/2009

Suite-manifestion et l'interview de LI Huan(réponse à Xiao-bob)

"J'ai lu cet interview avec intérêt.
Il modère les réactions des chinois vivant en France telles que les ont transmises différents journaux, qui écrivent ce qu'ils veulent, mais qu'y puis-je ?
Pourtant, selon moi, cet incident, regrettable, avait été sur interprété.
Un passant, était-il seulement français, mais qu'importe, fait un geste sur le parcours de la flamme, et nous voilà tous, indépendamment de ce qu'on en pense, enrôlés sous sa bannière !
Ce qui est tellement contraire à l'esprit français dont un des défauts est plutôt de manquer d'unanimisme.
Autant dire que moi aussi j'aurais du me sentir blessé d'avoir été classé collectivement comme "anti chinois", et de lire qu'une couleur de peau pourrait avoir à mes yeux une importance quelconque.
Et, j'en ai peut être un peu parlé sur le blog de Neige, mais depuis je ne m'en sens pas très heureux." (--Xiao-bob)


Merci de votre réaction, Xiao-bob, ça me fera très plaisir de savoir ce que pensent les Français sur cette manifestation et sur la protestation contre certains medias occidentaux. Que les journaux écrivent ce qu’ils veulent, « mais qu’y puis-je ? » haha, ça, je peux le dire moi aussi vis-à-vis des medias chinois. Les problèmes se ressemblent, seul les règles de jeux idéologiques se diffèrent. Et ce serait tant mieux si ce genre d’accusation prenne un détour vers l’intérieur, pour que mes compatriotes redécouvrent un peu, avec une vision analogique, les angles morts de nos médias. (réf un billet bien intéressant de M.Cai Chongguo)

Vous dites que l’incident a été sur interprété, ce n’est pas du tout impossible. J’ai entendu parler de plusieurs versions de rumeurs à Paris aussi. D’ailleurs peut-on savoir ce qu’il y a dans la tête des gens de politique ? il se peut que les pro-tibétains veulent avoir davantage de bruits contre le gouvernement à Pékin, que le gouvernement à Pékin veut faire de l’incident une issue pour laisser sortir l’indignation publique qui ne vient pas forcément de l’extérieur, il se peut aussi que les Etats-Unis veulent donner la pression à Pékin pour son propre intérêt financier… ma foi,que sais-je.

Je ne crois pas que l’unanimisme règne toujours en Chine. « Un pour tous, tous pour un », c’est révolu. Maintenant, sur le plan interpersonnel, ce serait plutôt « Un (souffre) pour tous, chacun pour soi »(c’est une phrase dans une comédie française dont j’ai oublié le nom), parfois « sauve qui peut ».A comprendre cependant que,quand il s’agit de la dignité du pays sur la scène internationale, là oui, les chinois s’unissent facilement pour défendre la grande famille, car depuis l’enfance on récite que « l’intérêt de la patrie est plus haut que tout (et il faut qu’on fasse les sacrifices en faveur de ce dernier) »(n'est-ce pas un peu Guy Moquet...), ce qui devient un principe de fer parmi d’autres, et dans notre manuel politique, s’agissant des paragraphes sur les relations internationales, on est éduqué que « la Chine est encore dans la période primitive du socialisme, maintenant qu’on est dans un monde globalisé, il y a forcément les conflits internationaux ; quand l’intérêt (idéologique ou matériel) du pays est blessé, il faut que nous nous protestions pour défendre la dignité et l’intérêt de notre patrie. » Donc on est souvent très sensible à ce genre de sujet. Et puis il y a en effet des Chinois qui sont font trop d’attention ou sont trop fiers de leur peau jaune,cheveux noir, et quand ce genre de signes devient trop important, ca inquiète.

Si j’ai voulu parler de cette manifestation, c’est que je la vois moins comme une revendication à la justice médiatique(celle-là étant d’un effet faible comme dit LI dans l’interview), vue de l’extérieur, que comme un événement public, vu de l’intérieur, qui signale que les jeunes chinois apprennent à s’exprimer publiquement dans une manifestation. Quant à l’interview,à vrai dire,je le trouve bien drôle :disons ainsi,car en suivant leurs paroles, je ne dirais même pas tantôt oui tantôt non, je dirais oui et non en même temps sur quelques-uns de ses exemples extrèmes, sur quelques points de vue ; et c’est terrible ce brouillard d’idées et des sentiments, je me sens confuse et je perds la capacité de définir les choses : la famille,la grande Famille, le patriotisme,l’affection familiale,l’Etat,la nostalgie, etc.

Pourtant je me suis bien amusée en traduisant le spectacle ; un vrai, car ils sauraient plus ou moins qu’ils jouent les rôles sur le plateau, le public ciblé étant les spectateurs de l’intérieur de la Chine. Il me paraît que d’agrandir/visualiser un défaut, ce serait sinon le corriger, au moins l’exposer pour qu’on le voie : le sentimentalisme, les non-dits/règles sous-jacents, un peu de mémento et d’espoir(souvent d’une fréquence de vingt ans on dirait). Mais bof, peut-être que j’ai été trop sensible et ai trop interprété,et que pour la plupart des Chinois,c’est juste un souvenir bien émouvant de l’année 2008.

Dommage que je ne serai pas à Paris pour participer en personne aux événements qui seront organisés par l’association qui vient de démarrer.J’esèpre surtout qu’on reste indépendant et plutôt objectif et que, quoique l’effet serait tout aussi bien peu remarquable, les dialogues vont durer.