29/03/2007

Brouillard d’une semaine

Y a-t-il un métier qui s’appelle humaniste ? Ou l'humaniste est-il un métier ?

Sur le fonctionnement administratif :
-une lettre de réclamation collective signée, tout le personnel du Mundus-france se rejette dans la lutte contre l’inefficacité de la préfecture régionale, pour demander ce diable de titre de séjour qui va cette fois rendre inégal les étudiants partis en Ecosse et les empêcher de retourner.

-De ma part : mon paquet de livres non-arrivé depuis Amazon.fr a concerné trois pays ; la donna della posta italiana m’a demandé d’appeler la ligne verte pr toutes informations sur les paquets, j’ai eu de différents résultats à chaque appel ; la dernière réponse est que le paquet est déjà arrivé dans la province de Bergamo avec 7 jrs de retard mais selon la poste allemande qui s’occupe de du livraison l’adresse est incorrect et donc il est reparti en France (ce que j’ai indiqué comme adresse a fonctionné avec le paquet de ma collocatrice arrivé depuis Ecosse...); il reste que les agents du service client d’Amazon.fr, hyper gentils et trop bien formés, « n’en peuvent rien parce qu’ils parlent pas l’italien ». Alors je rends mon adresse le plus détaillé possible avant de passer un commande de remplacement. Alors je recommence à attendre.

Sur la religion con la métaphysique :
Une semaine religieuse. Pour bien continuer le dossier et le cours Storia dell’arte vaut mieux réviser l’histoire religieuse. Alors je lis. Alors pour la première fois j’ai su distinguer vraiment les notions judaisme, chrétianisme, catholisme, orthodoxe, protestant, compagnie de Jésus, Empire Byzantin, la Réforme la Renaissance l’Humanisme, monothéisme, polythéisme, l’iconophilie l’iconoclastie et finalement simulation et simulacres. Pour la première fois j’ai compris pourquoi Dieu est important, quoi.


C’est curieux, la Compagnie de Jésus, les jésuites qui sont polyvalents et qui savent vénérer le Dieu avec l’indifférence et l’application du sens (réf Perniola), qui ont été les premiers traducteurs des classiques littéraires chinoises d’ailleurs, malgré leur intention missionnaire, paraissent avoir plutôt une mauvaise réputation(comme un « jésuite ») et une position paradoxale entre les catholiques et les protestants ; alors que selon moi c’est une communauté d’ermites intélligents et humains même-peut être Dieu ne veut pas que ses traces soient plus intelligents que lui...

Je pense à consacrer une partie du dossier comme plaidoyer pour les jésuites car leur attitude me semble bien éclairante devant la société de simulation. Mais je sais pas encore ce qui se déroulera.

Phrases repérées :
-« La liberté est l’orgine, elle-même sans fond, du geste même qui consiste à chercher son fondement . » (de Hegel ou Heidgger ou l’auteur qui confronte l’un à l’autre)

Je n'espère rien, je ne crains rien, je suis libre. » (sur l’épitaphe de Kazantzaki)

Livre recommandé :
Alexis Zorba, de Nikos Kazantzaki. Ajouté dans le panier d’auto-bibliographie.

Le croisement d’humanité, il faut en profiter mA-ssIvoMan !
Après la Pâque, la résurrection.
Basta. Buona Pasqua a tutti.

(je m’excuse de mon billet-sabotage mais je réserve le soin pour le dossier à rattraper...)


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Witz..

Exemple de devinette:

Ça fait quoi un Chinois qui tombe dans la mer Rouge ?





=>Plouf !

(Source : Wikipedia. )

19/03/2007

Life for rent

Je recommence à écouter Dido. « Dido est déprimant.», disait Thérèse, quand je l’écoutais et que j’étais effectivement déprimée. Je recommence à l’écouter, j’attends la force que joue la musique sur moi, ensemble avec les morceaux de mémoire inscrite dedans. Elle ne l’est plus.

Dom m’avait dit que l’Italie me changerait. Il a raison. Sous le soleil de l’Italie, l’ombre n’est plus. L’espoir non plus. L’espoir, ainsi que l’ombre, sont rares et n’ont pas d’utilité réelle; comme un objet de luxe, juste à apprécier de loin. Sans eux, la vie continue.

On me disait de temps en temps que j’étais « résistante » ou « tenace », je le croyais moi aussi, mais avec ma propre interprétation du mot. Plutôt que de rester là où l’on est et ne pas se reculer, ce serait quelqu’un qui s’engouffra jusqu’au fond et qui saura revenir à la surface.
Mais je me trouve maintenant avoir de la peine pour remonter. Je me sens éloigner de la surface, de loin en loin, alors que je ne trouve plus le soutien en bas, grâce à laquelle je pourrai y revenir. Depuis quand ai-je perdu ce fond ?

On y retournera plus.

12/03/2007

Suppléments

(I) Mission Sacrée

Lors de l’inauguration, j’ai rencontré une fille chinoise qui fait ses études de licence à Bergamo.

-Il est très connu en Chine ?
- Ah oui. Depuis qu’il est entré dans l’Académie française...Urh...une institution prestigieuse littéraire.
- Il est Chinois ou Français ?
-D’origine chinoise, devenu Français.
- Na Ta Bao Xiao Guo Zu Guo Ma ? (“那他报效过祖国吗?”rendre service pour payer de retour la bonté de la patrie)
- ...Ah ?
- Mei You Ba ! (“没有吧!”Il ne l’a pas fait, n’est-ce pas ? )
La méprise montée sur son visage, elle m’a tourné le dos(ce dos m’a rappelé
Liu Hu Lan, sans blague), me laissant bouche bée.

Est-ce une jolie fleur impeccablement cultivée par notre grande patrie ? Ou bien je viens de rencontrer une jeune…disons nationaliste, comme tous ceux qui pensent constamment à cette vocation sacrée de Bao Xiao Zu Guo, et qui pourtant pose la question avec toute une inoncence, d’où un charme désuet ?

Voilà donc, M. Gd, le compte-rendu d’un nouveau choc hétéro à remmetre, belonging to Totémisation, sans aucun doute .

(II) Rire humain

Lors de l’inauguration de l’Année académique de l’université, un autre représentant de l'humanité s’est présenté, Bruno Bozzetto, directeur italien du cinéma d’animation. C'est la première fois que je l'ai connu. Les européens devraient le connaître mieux que moi. Il a projeté quelques-uns de ses courts films d’animation(dont les thèmes guerre, politique, réputation, illusion de la vie matérielle modernisée...) qui ont suscité une véritable ambiance comique dans toute la salle. Je n’aime pas beaucoup les animations, mais ceux-là m’ont fait bcp rire et m’ont bcp touchée. Derrière les rires, l’humanité. Un véritable humaniste devrait avoir une telle force dans n’importe quel moyen d’expression. Voyons celle-là : ITA vs UE (beaucoup en sont vrais ! Surtout le pédestre contre la voiture ! )http://www.infonegocio.com/xeron/bruno/italy.html

IL embrasse le Yi.

-Alors François Cheng ?
-Rien.
-Quoi rien ???


i. le Tao engendre l'Un

Comment je peux le rencontrer à Bergamo ? J’ai choisi par hasard cette ville pour le séjour du 2e semestre. Il y était par hasard pour se présenter dans un séminaire. Ce voyage prévu en hiver a été prolongé jusqu’en printemps. « Eh oui, c’est du pur hasard que nous nous voyions ici. ».Dit-il.

Je l’ai reconnu sans difficulté dans la foule. Il est comme ce qu’il était à la télé d’il y a deux ans. Petit. Cheveux argent. Les yeux claires.


A la sortie de la gare. Je regarde le ciel. Pleine lune du Shi Wu. Il regarde le ciel. Il dit : « Demain il fera du vent. Tu vois, il y a de l’ombre autour de la lune. »

Et cela fut ainsi.

ii. Un engendre Deux

« La culture chinoise, ils l’ont vraiment beaucoup aimée ? »
« On peut dire ça oui. Mais la sinologie est en déclin ces dernières années. Plusieurs de mes anciens collègues ont disparu. »

« Vous trouvez comment, d’être passeur de la culture chinoise? »
« je suis plutôt créateur ... Je ne fais pas la recherche maintenant.»

J’attendais admirer le raffinement d’un lettré taoïste, j’ai ressentis l’élégance et l’honnêteté d’un écrivain français. Ce n’est plus un Chinois devant mes yeux, mais je n’en suis point déçue. Je sais qu’il y a de nombreuses particules minuscules, insensibles, qui lui sont inhérentes. Je ne vois pas cela étrange non plus. Je me sens rassurée.

Je lui ai dit que son parcours a été pour moi un modèle inspirant—non pas un modèle, plutôt une possibilité : l’ouverture de la voie vers un FAIRE possible.

Encore une question à lui poser, anxieusement : où l’on se situe, et comment, quand on s’éloigne de son propre pays ?

iii. Deux engendre Trois


J’ai su que les 50 minutes dans la voiture serait le seul moment où je pouvais lui parler.
Le jour même de l’Inauguration de l’Année Académique de l’Université,on n’a pas eu l’occasion de se parler un mot. On se sourit de loin. Je n’ai plus besoin de lui parler ni de lui poser la question. Il me l’a répondue dans son discours :

« On risque jamais de perdre son âme, mais de s’enrichir et de retrouver sa propre manière de le fonder.»
« ...Ainsi le renouvellement et le dépassement de chacune de ces parties. »
«La lumière juste est faite d’un mot exact et d’un coeur transparent . »

Trois engendre toute chose.

Sur Bergamo

On a visité l’église de Santa Maria Maggiore, les peintures de vénération partout dans l'église font dans l'ensemble un impact visuel, puis spirituel. C'était la première fois que j'ai compris vraiment ce que c'est l'iconophilie dans la tradition occidentale. J'en reparlerai plus tard.


Extraits de la présentation de la ville dans la brochure touristique:

Bergame fut fondée sur la colline. Un premier établissement très ancien, qui remonte à l’époque protohistorique lui a donné sa caractéristique principale : la partie la plus ancienne, enfermée dans ses murailles, se trouve sur la colline, tandis que la vile moderne s’est développée dans la plaine. La colline fut habitée par les Celtes, les Goths, les Romains et les Lombards, mais il n’en reste que quelques vestiges de ces peuples ; quelques-uns parmi les monuments les plus importants datent du Moyen Age. La période la plus significative de Bergame est représentée par la domination vénitienne qui dura quatre siècles pendant lesquels les deux villes, Bergame et Venise, furent liées par un rapport historique et culturel très intime.

C’est sur Piazza Vecchia, au coeur de la vieille ville, qui donnent les façades des palais les plus importants du point de vue historique : du palais de la Commune ou de la Ragione, à la Tour de la Commune, à la demeure du podestat vénitien, à la bibliothèque Angelo Mai, autrefois la Mairie.
C’est sur la place du Dôme, contiguë à Piazza Vecchia et qui fut le centre de la vie religieuse qui donnent la Cathédrale, l’église S. Maria Maggiore, la Chapelle Colleoni et le Baptistère.

Construite en 1472 par Giovanni Antonio Amadeo sur demande du célèbre condottiere Bartolomeo Colleoni, la Chapelle Colleoni est une des attestations les plus significatives de la Renaissance lombarde. L’église de Santa Maria Maggiore date du XIIe Siècle et fut construite selon le désir du peuple. Parmi les attestations les plus importantes du passé, la ville haute présente des églises et des monastères très beaux tels que Sant’Agostino et San Francesco.

Un des lieux les plus suggestifs est l’église S. Michele al Pozzo Bianco, très ancienne, qui renferme un certain nombre de fresques du XIIIe et du XVIe Siècle et où, en 1525, travailla aussi Lorenzo Lotto.

La pinacothèque de l’Académie Carrara est une des plus importantes d’Italie(Il palazzo dell’Accademia Carrara-una delle più importanti pinacoteche italiane). Dans ses salles figurent les oeuvres d’artistes du grand renom, italiens ou étrangers, et un grand nombre de tableaux d’artistes bergamasques. Près de la pinacothèque se trouve la Galerie d’Art Moderne et Contemporain.

Bergame est une ville musicale. En 1797 y naquit Gaetano Donizetti, le fameux compositeur qui nous a laissé plus de soixante-dix oeuvres lyriques, telles que « L’elisir d’Amore »(1832) et « La Lucia di Lammermoor »(1835), qui le rendirent célèbre dans le monde entier. Gaetano Donizetti fut toujours très lié à sa ville, qui en garde de nombreuses attestations. Bergame a dédié a G. Donizetti un musée et surtout son théâtre principal (Théâtre Donizetti), où se tient il festival « Donizetti e il suo tempo » e il Festival « Pianistico Internazionale ».

Avec plus de 5kms de circuit encore en bon état, l’enceinte de murailles qui entoure Bergame sur la colline est une de meilleures attestations de remparts du XVIe Siècle. Venise en commença la construction en 1561 et cela rendit Bergame une ville très puissante aux bords de l’Etat de Milan.
Le long de ce circuit magnifique, interrompu par quatre portes, serpente une suggestive promenade très fréquentée d’où l’on jouit continuellement de vues panoramiques sur la ville moderne, la plaine et la montagne.

La partie ancienne de Bergame est entourée d’une ceinture de vert qui donne une grande valeur au paysage et qui joint la ville historique au système de collines qui s’étende à l’ouest. Dans cette zone, incluse dans le parc « Parco dei Colli » de Bergame, l’on rencontre des villas, fermes, potagers, jardins, bois, ainsi que des vestiges historiques et architectoniques, parmi lesquelles l’ancien couvent d’Astino.

Le séjour de Lorenzo Lotto à Bergame marque les années les plus heureuses et les plus productives du « pictor famosissimus » vénitien. Il ne s’agit pas ici de se remémorer un long séjour, commencé en 1513 avec le retable de St. Bartolomeo et achevé en 1525 avec les fresques de la vie de Maria dans l’église de St. Michele al Pozzo Bianco, avec comme prolongement idéal les marqueteries du choeur de l’église de Ste Maria Maggiore ; ni même de mettre en évidence l’importance des nombreuses églises de Bergame de St. Spirito à St. Bernardino, sans oublier les deux églises dédiées à St. Alessandro, le Saint patron ornées des retables de L. Lotto ; mais de souligner le fait que ce peintre trouva à Bergame une sorte de patrie idéale où il atteignit les plus hautes formes de son art, en fusionnant les apports de la culture bramantesque et raphaélesque avec des influences léonardesques et lombardes et en conditionnant de fait la culture picturale bergamasque pendant presqu’un siècle.

09/03/2007

Il Y A une cité

-Scusa, c’è una città cui vicino ?
-Si si, ce n’e una. Va dritto, puoi gira à destra. La città è là.
-Ah...
(-Excusez-moi, est-ce qu’il y a une cité alentour?
-Oui, il y en a une. Vous allez tout droit, puis tournez à droite. La cité est là.
-Ah...)


E vero. Ce n’è una. C’è una città celesta.
(C’est vrai. Il y en a une. Il y a une cité celeste.)

07/03/2007

Oisif

Quel beau temps. Quand on me raconte l’anormalie du climat à Nankin ou à Charente, je m’enchante tous les jours l’azur constant du ciel italien.

Je commence à monter à pied à Città Alta, par les ruelles entre les vielles tours, ou le long des anciennes murailles : toute une ville sous les yeux. La vallée. Le ciel. Le vent parfumé de verdure. Cela ensorcelle l’esprit. Je ralentie le pas, me mettant en face de cet étendu de vue. J’ai dû chopper un cours, et trois fois en retard.

Que c’est idéal d’avoir les cours dans une Città antique, dont plusieurs sièges de la fac se dispersent parmi les cathédrales, églises, monastères, chapelles, couvents, musées, pinacothèque, ancien noyau de la Città .. On ne sait plus si l’on fait des études ou que l’on voyage. A tout moment hors du cours, les flâneries qui ramènt aux temps médiévals.

Indicible. Je me trouve mal à l’aise pour décrire cet état de quiétude. Une perte de mots. L’appareil photo sera de même inutile. Cela se photographie pas. Ca a devenu une véritable rêverie, puisque ce n’est jamais ce que je puisse imaginer. Je m’en souviendrai pas non plus. Qu’est-ce qu’il y a à saisir ? Le soleil, l’air frais, les murailles, les traces antiques.

Rien à saisir. A Bergamo, città dell’arte, on étudie pas l’art, ni l’humanité. On les vit.

05/03/2007

Musica Celesta

万籁此皆寂, Voici que se taisent dix mille bruissements
唯闻钟磬声。 Seul résonne l’écho de cloche et de pierre
[Tang] Chang Jian, «Au monastère de Po-shan»
( tr. François Cheng )


Les cloches d’Italie.

Ce sont les cloches. Ce n’est pas la sonnerie de cloche d’une chapelle à Perpignan, cantabile quant à elle, qui m’enchantait chaque dimanche matin.

On est en train de marcher dans la rue, ou l’on écoute un opéra d’Alban Berg dans le cours, les cloches carillonnèrent. Ayant une telle puissance inconnue, cette musique céleste pénètre direct au fond du coeur pour créer une résonance intérieure. Coeur imprégné d’une divinité anonyme, recevant un oracle de la sérénité du ciel.

Le souvenir va de nouveau m’emmener, cette fois commuter dans un monastère du bouddhisme tibétain sur le Plateau Qinghai-Tibet. Même effet sur moi quand on me cédait la porte, me laissait seule parmi toute une salle de lamas, récitant les soutras. La vibration de leur voix collective circulant dans le parfum de l’encens, l’ambiance même me poussait à me prosterner à la tibétaine, toute pieuse, devant la grosse statue dont j’ignorais le nom.

L’autre jour, entre les deux cours, je lisais dans un coins ensoleillé, tranquille. Surgissait la sonnerie des cloches, d’une tour à l’autre. Je fermai les yeux. Je levai la tête, laissant la lumière verser sur le visage.

Comme si c’était un baptême.
Pur, pur bonheur.

03/03/2007

Pleine Lune (I)-Terre jaune

Pleine lune. Voilà arrivée la Fête des Lanternes, le Shi Wu, clôture du Nouvel An chinois. Une journée aussi importante que la veille et le premier jour de l’année chinoise, où, dans les campagnes de Shan Bei(nord du Shan Xi), les gens gardent encore une partie de la tradition de la fête de printemps.

Je n’oublierai pas le nouvel an chinois d’il y a trois ans, pendant lequel je voyageais sur le Plateau de Loess, parcourais de petits bourgs et villages parfois déserts, fouillant la tradition du nouvel an dans ce lieu d’origine de la civilisation Hua Xia du bassin du fleuve jaune. Je posais drôlement la question aux conducteurs, passagers, serviteurs, marchands, agriculteurs : Comment passez-vous la fête ? Où y-a-il la tradition de Nouvel An ? (de sorte que j’avais été présentée une fois comme journaliste culturelle, sans que j’eusse pu le comprendre) J’allais donc ici voir danser le Yao Gu (腰鼓,Tambour à la ceinture), là pour un théâtre rustique de Qinqiang (秦腔, opéra traditionnel de ShanXi né sous les Dynasties des Qin). Beaucoup de découpages-papier sur la fenêtre, sentences parallèles(对联) à la porte. Le reste, jaune pur et brut de la terre.

J’ai le remords de ne pas pouvoir rester jusqu’au Shi Wu, où,à l’occasion de la Fête de la Lune, tous les bourgs, villages et petites villes de la région vont envoyer une équipe de jouer-dragon participer à la compétition traditionnelle de jeu de dragon(舞龙), dite « spectaculaire », qui aura lieu à Yan’An, ville rouge comme base des Communistes pendant la guerre intérieure.

Les rencontres font toujours partie importante des voyages. Le 1er jour de cette année-là, l’autocar me laissa dans un village enneigé où personne sur la route pendant le premier quart d’heure. Puis Li Da Shu, en me voyant, m’ouvrit la porte, m’invita à manger un nouille avec sa famille, m’emmena dans sa moto-tricycle à voir un bout de ruine d’une muraille de 3000 ans, dans le désert au plus nord de la province. Soeur Zhao, hôtesse de la grotte (Yao Dong窑洞,lieu d’habitation comme maison de la région) d’un ancien propriétaire foncier, me réservait une place sur le Kang (炕, lit dans les campagnes du nord, fabriqué de brique ou de terre, qui réchauffe grâce au charbon dans le trou en bas) ; je pouvais ainsi constater une vie locale assez particulière et profiter d’un repas de petit Nian le 6 janvier. L’ingénuité chez les gens dans les régions pauvres à l’Ouest devait me toucher au point de m'influencer profondément, me retirant d’un esprit couvert des poussières de grande ville.

C’était dans un village connu du découpage du papier chinois que l’on m’emmena chez cette dame agée, faisant le découpage du papier depuis long, qui avait été interviewée, par le media, l’office, les journalistes de différents pays. Je me disais que cet art avait été bien protégé, malgré l’ombre omniprésente de la bureaucratie. Elle me montrait avec bienveillance de plusieurs collections de ses oeuvres, dont la plupart dégageant d’un raffinement extrême des images compliquées, implicant un proverbe ou une légende ancienne. A la fin, elle me demandait, « Tu aimes bien tout cela ? » « Oui ! Vraiment impressionnant». Elle sourit. «...Lesquels tu veux acheter ? » « ... » Telle une question désaccordée qui me réveillait d’une belle rêverie. Mais je crois bien que ça aussi, ça fait partie de l’ingénuité du peuple sur la terre jaune. Je me fuis sans tarder, regrettant sinon un goût amère, au moins la douceur altérée.

02/03/2007

Le plus...

« Alors qu’est-ce qui t’a plu le plus en Italie ? » se glissa cette phrase lorsque l’on attendait les choses commandées dans un bar.

Encore. Je suis de nouveau tombée sur cette sorte de superlatif exigé, qui en même temps implique une efficacité. Moi qui ne maîtrise pas l’art de résumer un Tout en un Plus, me trouve chaque fois mal à l’aise pour donner une réponse satisfaisante.

« Urh...la pâte. »
« La pâte ?! »

Ils devaient être déçus. Ils attendaient que je proposerais les bâtiments, les aventures intéressantes, que j’apprécierais i raggazzi italiani, au moins les pâtisseries. (mais j’ai bien dit que les pâtisseries italiennes sont terriblement dolce, dont la moitié ressemblent aux biscuits chinois que je n’aime pas)

Moi aussi, je suis déçue de ma réponse. Je l’ai dit pourtant sincèrement. Cela non seulement que j’avais une faim de loup, vers 14h30 après les cours, mais qu’au fait je regretterai à jamais si je voyage sans goûter les gastronomies locaux. (goûter, et non pas manger ! Etre gourmand(e) comme une chatte, dirait-on ?)

Il est donc normal que moi, pâte-lover, pense à la pâte en premier. Pâte lyonnaise appelée Quenelle, devenue « le petit péché de Delphine » ; pâte italienne que j’ai poursuivi de Shanghai à Perpignan pour tester la version originale à Bergamo.

Mais le principe en est que, le premier ne remplace souvent pas la place du plus.
Alors qu’est-ce qui est ce Plus qui me plaît?

Stéréotype, non stéréotype

C’est amusant, des fois, de rassembler certains commentaires que l’on me donne sur moi.

En Chine :
« T’es très ouverte/française/Xiao Zi( mot à mot : ptit-bourgeois, notion très populaire, devenue cliché ces derniers ans, dite de qn qui exige le goût comme les Occidentaux, ou qui est très chic)». )
« Ne sois pas trop fantaisiste ! » (ce que disait souvent mon père)

En France :
« T’es indécise. ». Ou bien, dans un cours, le prof qui ne me connaissait pas bien encore, me disait :« ne soyez pas timide ! » (Ah bon ?)

Maintenant en Italie :
« You are really disciplined ! »
« Mais comme elle est bien organisée ! » (c’est presque de dire que je suis carrée. Carré comme les Français. Une prof avait dit ça quand je sortais mon agenda et la liste d’horaire des cours que j’ai dessiné, juste à cause de la mal-organisation des cours ici.)


Est-ce cela ce qu’on appelle « cosmopolite » ? Ou plutôt francofranchi ?